
Sa noblesse, l'affiche la puise d'abord dans les artistes français de la Belle Epoque, chez Toulouse-Lautrec notamment. C'est ensuite avec la révolution soviétique que l'affiche connaît une évolution majeure. D'abord avec Rodchenko et ses photomontages, puis avec tout l'univers de la publicité américaine qui fonctionne en écho au Réalisme Socialiste : la propagande et son double...
Avec mai 68, dont on peut dire que la révolte des Beaux arts de Paris généralise l'utilisation de la sérigraphie. Elle est introduite en France grâce à Guy de Rougemont, tout juste revenu de la Factory de Warhol. Facile à produire et à démultiplier, l'affiche devient alors un vecteur de partage et de diffusion à grande échelle. Il y aura les affiches pour des films, pour des compétitions sportives ou, bien entendu la promotion d'expositions. Tous les courants, du Pop Art à la Figuration Narrative utiliseront ce medium pour investir nos vitrines et charmer nos murs.
Les affiches présentées ici sont des pièces rares, voire introuvables. Elles permettent de raconter une autre Histoire de l'Art et sont toutes à la vente.
A sa suite viendront Tadeusz Trepkowski, Henryk Tomaszewski, Jan Lenica, Waldemar Wierzy, Julian Palka, Erik Lipinski, Wojciech Fangor, Roman Cieslewicz, Franciszek Starowiejski, Wojciech Zamecznik et Stanislaw Zamecznik.
Roman Cieslewicz (1930-1996)
Roman Cieslewicz est un des plus grands designers de la seconde moitié du XXe siècle. La rétrospective de son travail au Centre Pompidou en 1991 a permis de lever un voile sur une production de plus de deux cents affiches. Héritier de la grande tradition du photomontage contructiviste amenée par Streminsky, Roman Cieslewicz se forme auprès de Mieczyslaw Berman avant de s'installer à Paris en 1963.
Directeur artistique du magazine Elle, associé au lancement du magazine Opus, collaborateur régulier du journal Libération, Roman Cieslewicz a aussi intégré le groupe Panique avant de lancer la revue du groupe en 1976 sous le titre Kamikaze et la base line : revue du groupe Panique et de Roman Cieslewicz. Tout un programme !
Franciszek Starowiejski ( 1930 - 2009)
Franciszek Starowiejski est un artiste, affichiste polonais. En 1986, il est le premier artiste polonais, auquel le MoMA a dédié une exposition personelle, montrant un monde gagné par la monstruosité et la noirceur. Son travail est hanté par les illustrations naturalistes de la Renaissance et incorpore des distorsions grotesques avec une touche sinistre d' humour.
Cet artiste varié dévie du réalisme socialiste, pour évoluer vers le "cyrk poster" qui éleve la tradition de l'affiche au rang d'art. Franciszek Starowiejski recevra de nombreux prix et récompenses internationales pour ses affiches.
Robert Rauschenberg (1925-2008)
Robert Rauschenberg est l'homme par qui le scandale arrive. Fortement marqué par Kurt Schwitters, l'homme de Dada et du Merzbau, il commence sa carrière au tout début des années 50 après avoir effectué des études artistiques qui l'ont amenées du Kansas Art Institute à l'Académie Julian puis au Black Mountain College. Proche de John Cage, il participe au premier happening de l'histoire organisé par ce dernier. Ami de Merce Cunningham il gèrera pendant 10 ans les costumes et les éclairages de ses ballets. Mais c'est surtout en 1964 que Robert Rauschenberg, artiste complet, se fait remarquer : il devient alors le premier américain à obtenir le Grand Prix de la Biennale de Venise. L'Art sera désormais américain et Robert Rauschenberg ouvre la voie au soft power américain.
Yves Klein (1928-1962)
Yves Klein a été d'une importance capitale dans le renouvellement de l'Art après Marcel Duchamp. Le bleu Klein c'est lui ; les anthropométries réalisées avec des femmes pour pinceaux sur fond d'orchestre musical, c'est encore lui ; la fausse chute dans le vide et les fleurs de feu, c'est définitivement Yves Klein. Au programme : mise en scène et affirmation de l'ego !
Piero Manzoni (1933-1963)
Une vie brève mais fulgurante, tout comme Yves Klein... Né en pleine ascension des fascismes, Piero Manzoni est surtout connu pour être un des pères de l'Art conceptuel à travers sa Merda d'Artista. Influencé par Yves Klein, il se livre très tôt à des performances où le corps devient un support à la création et à l'écriture, posant ainsi la question de place de l'objet et du corps de l'humain dans la création artistique.
Eva Aeppli (1925-2015)
Première compagne de Jean Tinguely, Eva Aeppli est une artiste suisse qui a passé une grande partie de son existence en Normandie où elle avait élu domicile. Passionnée d'astrologie, Eva Aeppli crée des figurines en textile et en bronze où elle fait état de son désespoir face aux meurtres nés des totalitarismes. Un wagon de marchandises, peuplé de figurines, occupe ainsi un espace du Cyclop de Jean Tinguely pour évoquer les départs vers les camps de la mort.
Roy Lichtenstein (1923-1997)
Roy Lichtenstein est un des artistes les plus emblématiques du Pop Art américain. C'est seulement après la Seconde Guerre mondiale où il fait partie des troupes engagées en Europe qu'il se fait réellement connaître en utilisant des grands symboles de la publicité américaine. Viennent ensuite les oeuvres inspirées des Comics dont Whaam !. Conservée à la Tate Modern de Londres, celle-ci demeure sa création la plus connue.
Andy Wharol (1928 - 1987)
On ne présente plus le travail d'Andy Warhol tant son nom est attaché au Pop Art et aux icconed art. Il est en effet un des artistes les plus reconnus du 20e siècle. Si son rapport à la production d'affiches est rarement abordé, c'est pourtant un genre auquel l'artiste, d'abord publicitaire pour Glamour et Vogue, s'intéresse énormément, tel que pouvait le laisser paraître la dernière exposition au Art Institute de Chicago.
Tom Wesselmann ( 1931 - 2004)
Tom Wesselmann est un des représentants du Pop Art, influencé par des artistes tel que Robert Mortherwell ou Willem de Kooning. Dans les années 60, il s'inspire de l'imagerie américaine et s'intéresse aux nouveaux médias ainsi qu'à la culture américaine alors en plein essor. A travers cette imagerie et des couleurs vives, il entame un travail de corps recomposés, assemblés à la manière de De Kooning.
Corita Kent (1918 - 1986)
On peut être Soeur et devenir artiste Pop Art ! En plein mouvement de contre-culture et de musique pyschédélique, Frances Elisabeth Kent, devenue Soeur Corita, utilise la sérigraphie pour crier son amour du monde. En 1965, ses positiions régulières contre la guerre au Vietnam, dont le point d'orgue est probablement son Peace on Earth, jetèrent le trouble dans la société américaine de l'époque. Soeur Corita Kent quittera définitivement les soeurs de l'Ordre du coeur immaculé de Marie, où elle enseignait l'art depuis 1946, pour se consacrer pleinement à son activité artistique.
Richard Lindner (1901 - 1978)
Richard Lindner est un artiste allemand. Parti d'Allemagne pour fuir le nazisme, il arrive en France où il découvre le travail de Fernand Léger. Grâce à Varian Fry qui dirige l'Emergency Rescue Committee, Richard Lindner réussit à passer aux Etats Unis en 1941, comme d'autres avant et après lui : Wifredo Lam, Jean Arp, Hans Bellmer, Max ernst, Marcel Duchamp, etc. Illustrateur de génie, il travaille un temps pour le magazine Vogue. Ses illustrations, associées au Pop Art, sont marquées par de grandes interrogations sur les rapports secrets entre les hommes et les femme. Ses compositions intègrent toujours des couleurs burlesques et des tenues ubuesques : une marque de fabrique ! Richard Lindner exposera régulièrement à la galerie Maeght dont chacun connaît la proximité avec Jacques Prévert, Pablo Picasso et le résistant André Verdet.
En réponse à un univers artistique marqué par la toute puissance du Pop Art, les artistes européens entendent proposer une alternative qui, tout en réutilisant certains codes graphiques de ce mouvement, s'affirme comme très marquée à gauche et opposée aux dérives de la société de consommation.
C'est ainsi que naît la Nouvelle Figuration, bientôt réduite à la Figuration Narrative. Cette tendance, venue d'un peu partout en Europe, mais aussi d'Amérique du Sud, se concentre à Paris et affirme sa différence. Parmi les artistes impliqués : Valerio Adami, Erró, Gérard Schlosser, etc.
Valerio Adami
Représentant français de la Nouvelle Figuration et plus particulièrement de la Figuration Narrative, Valerio Adami a produit de nombreuses affiches au cours de sa carrière. Il emprunte au Pop Art ses couleurs acidulées pour véhiculer des messages politiquement engagés.
Alfredo Rostgaard (1943 - 2004)
Tout le monde connaît les représentations du Che. Mais qui connaît en revanche les grands graphistes que furent Eduardo Muñoz Bachs, Felix Beltrán, Raul Martínez et Alfredo Rostgaard ?
Alfredo Rostgaard fut un des grands affichistes des débuts de l'ère castriste et après des études d'art à Santiago de Cuba, il s'installe à La Havane en 1965 et produit des affiches de propagande pour l'Institut cubain de l'art et de l'industrie cinématographique (ICAIC) et remporte en 1973 le concours d'affiches de cinéma du Festival de Cannes.
Jorge Ballester (1941-2014) et Joan Cardells (1948-2019)
Jorge Ballester et Joan Cardells, tous deux originaires de la ville espagnole de Valence se rencontrent dans l'effervescence des années 60. Très engagés politiquement et artistiquement, ils s'orientent vers un retour au figuratif dans une espagne prédémocratique, encore fortement marquée par la présence de Franco. Ensemble, ils forment Equipo Realidad, une signature apposée comme une marque de dénonciation et d'appel à la révolte.
Gundmundur Erró
Co-fondateur de la Figuration Narrative, Erró fut à ses débuts en France assez proche des artistes du Surréalisme. Il adopte ainsi une écriture faite de collages à la manière de l'écriture automatique. Il crée ainsi des rencontres inattendues entre bande dessinée et peintures ou à la manière du Postmodernisme, des collapses entre des époques historiques très éloignées.
Gérard Schlosser
Gérard Schlosser est un des artistes majeurs de la Figuration Narrative. D'abord orfèvre, il se voue définitivement à la peinture au milieu des années 50, revendiquant la figuration pour un langage pictural renouvelé. Ses peintures, comme un oeil photographique plonge le regardeur dans un univers hyperréaliste plus vrai que celui de la photographie.
Mouvement étonnant que celui de Fluxus qui allie artistes américains et européens, musiciens et écrivains, tous fédérés par l'humour, la dérision et une vision de l'Art anti-art. John Cage, La Monte Young ou Yoko Ono en font partie. La branche française du mouvement réunit, quant à elle, dans le sud de la France, George Maciunas, Georges Brecht, Robert Filiou et, bien entendu l'inénarrable Ben.
On pourrait supposer voir les artistes conserver une certaine distance avec les événements sportifs. Il n'en est rien. Régulièrement sollicités par les organisateurs d'événements, ils se prennent régulièrement au jeu, jouant avec les codes publicitaires et le marketing pour insuffler un peu d'art là où on ne l'attend pas nécessairement. La coupe du monde de football et Roland Garros deviennent ainsi un terrain d'expérimentation artistique pour un bon nombre d'artistes.