Mickaël Doucet, La mémoire poétique, 2023, Huile et fusain sur toile, 200 cm x 200 cm
Mickaël Doucet, La mémoire poétique, 2023, Huile et fusain sur toile, 200 cm x 200 cm
Exposition
Gratuit
Fusain
Huile

Poétique de l'espace Mickaël Doucet

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Vernissage
jeu 18 jan 2024, 16:00

Galerie Virginie Louvet
34 rue de Penthièvre
75008 Paris
France

Comment s'y rendre ?

Pour sa seconde monographie à la Galerie Virginie Louvet, l’artiste français Mickaël Doucet revient avec une série de huit toiles toutes réalisées entre 2022 et 2023. Intitulée Poétique de l’espace, l’exposition emprunte son titre à l’ouvrage reconnu du philosophe français Gaston Bachelard publié en 1957 en plein essor du mouvement littéraire philosophique appelé la phénoménologie et dans lequel il explore la dimension imaginaire de notre rapport à l’espace.

 

Un silence chargé de souvenirs

Car la maison est notre coin du monde. Elle est — on l’a souvent dit — notre premier univers.

— Gaston Bachelard, 1957

 

Si les intérieurs dépeints par Mickaël Doucet ne sont pas directement peuplés par des figures humaines, ils ne sont pas moins habités par la trace de leur présence dans l’espace-temps. Quelques crayons de couleur, une radio, un appareil photo : l’existence d’une forme de vie se manifeste à travers ces compositions d’objets, telles les ruines d’un passé ou des possibles futurs, que l’observateur peut lui-même reconstituer ou imaginer. En effet, le jeu des matières, des formes et des lignes, l’horizon que l’on aperçoit au loin, le vide entre les objets sont autant d’éléments qui guident notre regard et invitent à la contemplation. Alors que l’image apparaît comme suspendue, figée, les quelques plantes exotiques, l’ombre qui se pose sur le sol, la brise soufflant gentiment sur une veste accrochée sur un cintre nous rappellent à la réalité du temps qui passe.

 

Nostalgie du gris

Ainsi la maison ne se vit pas seulement au jour le jour, sur le fil d’une histoire, dans le récit de notre histoire. Par les songes, les diverses demeures de notre vie se compénètrent et gardent les trésors des jours anciens.

— Gaston Bachelard, 1957

 

Mais la série de toiles présentée par Mickaël Doucet va encore plus loin dans la confusion spatio-temporelle. En effet, l’artiste introduit, en plus de sa palette colorée habituelle, une technique inédite : le fusain sur huile sur toile. Le contraste entre couleur et nuances de gris, architecture industrielle et architecture contemporaine soulève alors une nouvelle ambivalence. Lorsque l’on s’en approche, la texture du fusain sur la toile rappelle le grain de la photographie argentique dont le caractère est bien connu pour susciter, chez son observateur, un sentiment de nostalgie. Par ailleurs, un tel procédé photographique invite généralement celui qui capture l’image à prendre son temps, attendre la lumière idéale, à trouver l’angle parfait pour que l’image captée par l’appareil soit harmonieuse et c’est finalement ce que Doucet réussit à faire avec ses peintures. Ce n’est pas une coïncidence si l’artiste s’intéresse tout particulièrement au Japon, réputé pour sa culture zen et ses intérieurs minimalistes. Le design n’est-il pas après tout la quête de l’harmonisation de l’environnement humain ?

 

Pour Gaston Bachelard, le poète est celui qui est capable de créer des images qui déclencheront en nous, lecteurs, un retentissement, parce que ses images touchent à notre primitivité, à nos origines. L’œuvre picturale de Mickaël Doucet est bien celle d’un poète. Elle est une invitation à la pause, une méditation, une sorte d’interruption, une respiration nous faisant prendre le temps de ressentir ce que c’est réellement qu’être vivant.