Originaire de Palestine, Achiam rêve de sculpture. Victorieux d'un concours Tchèque, il s'envole d'abord pour Prague avant de s'éclipser en compagnie d'une chorale israélienne pour Paris. C'est là qu'il reçoit l'enseignement de Brancusi qui lui permet de renouer avec la tradition antique de la sculpture du Moyen Orient.
"Naturellement, j'observe les êtres, les hommes, les animaux, afin d'en synthétiser une idée symbole, que je vais m'efforcer d'exprimer dans ma création. J'étudie également le matériau car je pratique uniquement la taille directe, et la matière m'influence nécessairement. Ce n'est pas par hasard si j'ai principalement choisi le basalte : je suis né dans une région volcanique, en Galilée, et ma maison natale, bâtie de cette pierre sombre, a influencé ma prédilection pour cette pierre. J'aime les pierres dures comme le basalte, mais également le granit ou la serpentine, et cette dureté m'amène à exécuter mes sculptures avec une grande économie de moyens, en utilisant des formes très simplifiées. Mais je travaille aussi le bois qui me permet des formes moins lourdes et plus ouvertes.
Dans mes recherches, j'ai été influencé notamment par l'œuvre de Brancusi, qui a créé un nouveau type de formes sculpturales dépouillées de surcharges. Il estimait que, d'une composition de formes élémentaires, pouvait résulter une sculpture figurative, abstraite, animalière et même végétale. Si, à l'image de Brancusi, j'utilise des formes qui sont elles-mêmes abstraites, je cherche à construire une composition qui soit en contact étroit avec l'homme et ses sentiments. On peut également voir dans mes sculptures une recherche d'asymétrie. J'essaie, par l'usage de certaines asymétries et de formes inattendues, de renforcer l'intérêt du spectateur, ainsi que le caractère expressif de mes œuvres. J'utilise à la fois des formes en relief pour restituer le sentiment que je veux représenter, et des vides que l'on pourrait appeler des "trous". Ces trous sont des formes plastiques à part entière qui s'intègre dans la composition de l'œuvre.
Je vise par des moyens très simples à exprimer des sentiments et ma première source d'inspiration est l'Homme, la Femme. Tout ce qui touche à leur vie m'intéresse, tel l'amour, la naissance, l'allaitement... Beaucoup de ces sujets sont érotiques par excellence, car l'érotisme constitue l'une des formes dominantes de notre vie.
Mais il n'y a pas que le bonheur, et j'ai souvent exprimé dans d'autres œuvres ma révolte contre les guerres, les souffrances et les injustices qui accablent l'humanité.
Une seconde source majeure de mon inspiration provient de la Bible. Je suis né dans les montagnes de Galilée, à l'époque où les premiers pionniers sionistes y émigraient. Dans l'école du village où mes parents s'étaient installés comme fermiers, m'était enseignée la Bible, les exploits de ses héros, les vies des patriarches, prophètes et rois qui avaient réunis des tribus de bergers, créant ainsi le peuple hébreu. L'on cherchait aussi à m'enseigner avec la Bible, une culture et une morale qui constituent, jusqu'à aujourd'hui, le patrimoine d'une grande partie de l'humanité. J'essaie de transmettre le message reçu en héritage à mes contemporains.
Un troisième thème abordé dans mon œuvre concerne la musique. Ces sculptures expriment tant une recherche dans laquelle le musicien fait corps avec son instrument que mon amour de la musique.
D'autres œuvres, enfin, sont consacrées aux thèmes animaliers. D'un point de vue plastique, certaines me paraissent très réussies, avec leurs volumes arrondis qui permettent des transitions délicates d'une forme à l'autre.Si l'on m'interrogeait sur l'école à laquelle je devrais être rattaché, je répondrais être un sculpteur qui, au moyen de formes abstraites, crée une œuvre fondamentalement figurative, et cherche à y exprimer les sentiments de l'Homme.
Mes sculptures me paraissent constituer une synthèse de l'esprit de l'Ecole de Paris, ville où j'ai créé depuis plus de quarante ans la plus grande part de mon œuvre, et de l'héritage de mon pays d'origine."