Le Désir attrapé par la queue - 1967

juillet 1967
août 1967

Festival de la Libre expression
Carrefour de la Foux
83580 Gassin
France

Comment s'y rendre ?

Principaux intervenants : Taylor Mead, Ultra Violet, Jacques Blot, Jacques Seiler, Rita Renoir, Jean-Jacques Lebel et Allan Zion. Avec la bienveillance de Pablo Picasso, des costumes par Emmanuelle Khahn et des éléments de décor par Roger Tallon.

 

L'idée du projet émerge grâce à Michel Leiris. Après avoir assisté à quelques happenings, il confie à Jean-Jacques Lebel que « Picasso a fait ça avant vous », et il lui remet le texte Le Désir attrapé par la queue, publié en 1946. La pièce, déjà lue par des figures telles que Sartre, Lacan et Camus, devient le rêve que Lebel veut concrétiser.

 

En 1966, il se rend à Cannes où Picasso le reçoit. L'artiste, au courant par la presse des « trucs avec toutes ces filles à poil » de Lebel, l’autorise sans réserve à monter sa pièce. À cette occasion, Picasso lui montre une masse de dessins érotiques, alors invisibles au public.

 

Lebel trouve un producteur en la personne de Victor Herbert, un Américain attiré par l'atmosphère de « délire » créatif. La première idée de monter la pièce à Paris est écartée. La troupe se constitue rapidement : le célèbre acteur d’Andy Warhol, Taylor Mead ; une autre proche de Warhol, Ultra Violet ; l'acteur Jacques Blot ; et le couple d'acteurs de théâtre Jacques Seiler et Rita Renoir, cette dernière étant une célébrité du Crazy Horse Saloon.

 

Les répétitions révèlent une incompatibilité entre le monde du théâtre et celui du happening – un écart que Lebel compare au passage de Charlie Parker à Bach. Pour la saison estivale, la décision est prise de monter le spectacle là où les gens passent leurs vacances. Ils prennent contact avec le gérant du Papagayo, une boîte de nuit de Saint-Tropez, pour y installer un chapiteau. La logistique bénéficie de l'aide d'Allan Zion et de collaborateurs comme Ben. Sur scène, ils utilisent une réplique exacte en polystyrène d'un portrait de Dora Maar par Picasso, sur laquelle est projetée la bouche de Lebel pour articuler le texte.

 

La dimension imprévisible et sexuelle du projet s'exprime pleinement dans les happenings. L'actrice Catherine Moreau, fière de sa poitrine où elle a écrit « chaud » et « froid », se promène dans le public en criant : « Qui veut du lait ? ». Un soir, c'est Picasso lui-même qui lève le bras et demande « les deux ! », avant de se retrouver la tête entre les seins de l'actrice – une scène totalement imprévue. Taylor Mead, quant à lui, n'arrête pas de draguer et ramène ses conquêtes d'un soir comme de nouveaux acteurs potentiels. C'est ainsi qu'il introduit un Algérien et son chameau sur scène en plein happening, sous les accords des Soft Machine. L'animal, effrayé, défèque partout.

 

Quant aux Soft Machine, c'est l'épouse de Jean-Jacques Lebel qui les repère sur la plage à Sainte-Maxime. Il les invite à jouer en échange d'un abri sous le chapiteau du Festival. Accompagnant la pièce, les Soft machine jouent parfois jusqu'au lever du soleil.