Jacques Villeglé

Jacques Villeglé, né en 1926 et décédé en 2022, était un artiste français et une figure majeure du Nouveau Réalisme. Il est surtout connu pour ses affiches lacérées, qu'il récupérait dans les rues et transformait en œuvres d'art, révélant ainsi des couches de la société urbaine et de la culture populaire. Avec son approche unique du détournement et du collage, Villeglé a marqué l'art contemporain en mettant en lumière la beauté accidentelle de l'espace public.

Les rencontres entre l'artiste Jacques Villeglé et Philipp Hugues Bonan

Alors Jacques Villéglé, c'est un de mes chouchous, franchement, avec lui, Schlosser, bien sûr, André Villers, Denise Colomb, voilà, c'est peut-être les artistes que j'ai le plus vus au cours de ma vie, quoi. Jacques Villéglé, combien de fois je suis allé boire un petit café le matin avec lui, discuter une demi-heure, une heure, faire deux, trois photos, repartir, revenir une semaine après. Voilà, première rencontre en 1995.

En fait, c'est une de ses nièces, une petite cousine qui travaillait chez une attachée de presse avec qui j'étais proche. Elle me dit, c'est mon oncle ou c'est quelqu'un de ma famille, Jacques Villéglé. Moi, je connaissais son nom, je connaissais un peu plus ou moins ce qu'il faisait.

On est en 1995 et on apprend tous les jours. Moi, j'ai appris petit à petit l'histoire de l'art, les artistes, leur rôle dans l'histoire, ce qu'ils ont fait. Et donc, en 1995, je prends rendez-vous avec lui.

Et là, on se balade dans la rue. Il pose devant des affiches de Simon & Garfunkel datées 1995. Et séances de photos très, très sympathiques.

Je pense que des séances comme ça avec lui, dans les 30 ans qui ont suivi, j'ai dû en faire, je ne sais pas, 10, 15. C'est quelqu'un que j'aime beaucoup, qui s'intéressait à moi. Parce que c'est vrai que les gens qui s'intéressent vraiment à ce que vous faites, il y en a peu.

Tous ne sont pas comme ça. Et lui était très curieux. D'ailleurs, ce que je raconte souvent, c'est qu'on le croisait beaucoup dans des vernissages.

D'autres artistes qui exposaient, il venait voir, il venait amener sa présence à l'exposition. Il s'intéressait même aux jeunes artistes. Et pour la petite histoire, lui aussi, par hasard, je l'ai rencontré dans le métro.

Et quelques mois plus tôt, j'avais exposé chez Laurence Truc. Il y avait son portrait, qu'il avait vu. Et à l'époque, il n'y avait pas les réseaux, les machins, donc on ne s'appelait pas tous les jours non plus.

Et dans le métro, il me dit, j'aimerais vous acheter la photo que vous avez exposée. Et là-dessus, je suis allé lui amener la photo, qu'il a voulu absolument me payer. Ça aussi, ce n'est pas tous les jours.

Et puis voilà, très proche de sa fille Valérie. Voilà, c'est des gens comme ça qui ont compté, qui comptent. Jacques Villéglé, quelqu'un qui a compté pour moi.

J'étais très... Il parlait beaucoup. Parfois, je ne comprenais pas tout ce qu'il racontait, mais c'était infini. Il avait des milliers d'histoires à raconter, surtout sur son histoire, sur les gens qu'il avait rencontrés.

C'était extraordinaire. Et puis, très gentil monsieur, aux petits soins. Voilà, c'est une de mes grandes rencontres.

Et aujourd'hui, avec le recul, bien sûr, son oeuvre, avec des bouts d'affiches. Il a fait une oeuvre, il a construit une oeuvre extraordinaire. Il y a Yves Klein avec son bleu, et lui, c'est les affiches.

Parfois, quand on voit les gens souvent, on ne se rend peut-être pas compte de leur importance, mais lui, c'est un très, très grand artiste.