Permis d’inhumer - 1989

Collage, pastel, peinture et empreinte, 30 x 40 cm.

Pièce titrée "Permis d'inhumer", située à "Francfort" et datée du "7 décembre 1989" en bas vers la gauche.

Le nom du défunt "Alfred Herrhausen" s'accompagne de quelques versets religieux en allemand tirés de la première lettre de Saint Paul aux Corinthiens, chapitre 15: "Gesät wird in Vergänglichkeit,//  auferweck in Unvergänglichkeit, // gesät wird in Armseligkeit, // auferweckt in Herrlichkeit, // was gesät wird ist schwach, // was auferweckt wird, stark:// in einem irdischen Leib gehen wir dahin,// um in einem verklärten Leib // aufzustehen."

 

Un texte au dos propose quelques explications sur le contexte de production de l'oeuvre : "Invité à faire une intervention au vernissage de l'exposition // "die Surrealisten" organisée par Arturo Schwarz à la Schirn // Kunsthalle de Francfort, début décembre 1989, je passe d'abord à l'hotel et me dirige ensuite à pied vers le musée. // Les rues sont bourrées de flics armés jusqu'aux dents. Devant // la cathédrale à deux pas du musée, il y a un dispositif anti-émeute // - flics + voiture blindées - comme pour protéger une cérémonie // qui va s'y dérouler. Le Président de la République fédérale arrive // suivi de centaines de personnages, de curés et encore de flics. Je // me renseigne. Un important banquier, directeur de la Bundesbank // c'est-à-dire la banque centrale européenne - a été assassiné la // semaine précédente par un groupe de la deuxième génération de // "la bande à Baader". Il s'agissait sans doute de faire "la preuve" // - aux yeux de l'ennemi - de la survie de "l'esprit" de Baader et // de Meinhof en frappant à la tête du Pouvoir Financier en plein // Francfort. Des dizaines de scouts distribuent, à l'extérieur // de la cathédrale, pendant la messe d'enterrement, un petit dépliant // orné du portrait du banquier assassiné, de sa date de naissance et de décès, // et d'un texte religieux. Une sorte de "carte d'identité" du mort. J'en met(s) un dans ma poche et je vais faire mon speach d'inauguration à l'expo- // sition surréaliste. Quelle ambiance ! En rentrant à l'hôtel, plus tard // je fabrique (avec cette image pieuse et un bout de pub  pour un Eros center pour masochistes trouvé dans le hall de l'hotel) un collage // intitulé "Permis d'inhumer". J'y ajoute une empreinte de pouce, pour faire // dans le style "Interpol".

 

 

 

© Jean-Jacques Lebel, artiste