CATALOGUE DES OEUVRES
Daria Gamsaragan

Daria Gamsaragan a commencé à exposer ses créations dès le début de sa formation auprès d’Antoine Bourdelle à Paris. Elle a commencé alors à faire la synthèse entre sa vision intérieure, forgée au cours de sa jeunesse à Alexandrie, carrefour de tant de cultures millénaires, et l’enseignement de ce grand maître, qui a formé plusieurs générations d’artistes, venus du monde entier et auxquels il a communiqué l’art de créer des émotions au travers de la sculpture.  La synthèse s’est faite progressivement. On trouve dans ce dossier les deux aspects qui cohabitent à cette époque. D’une part, des sculptures d’atelier, pour lesquelles des modèles femmes ou homme ont posé, avec des postures imposées. Il nous reste des photos de ces réalisations, sans que l’on sache si elles ont été proposées à la vente. Une seule parmi celles-ci a été sculptée dans la pierre. Il y a d’autre part, les statues créées par l’imagination de Daria Gamsaragan. Ces réalisations iconiques se réfèrent à des personnages de sa vie à Alexandrie : la porteuse de fruits, la porteuse d’eau, déclinées sur plusieurs versions, le derviche tourneur, la maternité, des danseurs, une femme chinoise, une soudanaise qui ont été tout de suite repérées par les critiques d’art, qui ont été surpris et ont salué la force des représentations de ces modestes figures. Le corps des femmes est pudiquement habillé, mais avec une sensualité non dissimulée.  Et puis il y a eu une nouvelle étape, une libération des schémas du passé. Ce sont les statues appelées le Torse et l’Etreinte ou le Baiser. Les corps sont exposés, libérés, les postures suggestives. Une nouvelle artiste était née.

 

 

 

Modèles femmes et un homme
Bas-relief Danse bédouine et offrande du Nil
Chinoise

Plâtre, H=35 cm avec son socle. Une jeune femme, de type asiatique, élégante, avec un corps mince et un visage aux traits fins, la tête droite, s'avance, les mains jointes à la poitrine, comme pour saluer respectueusement. Son visage exprime la sérénité et la concentration. Les mains sont endommagées. Dans l'exposition de la Galerie la Boétie, à Paris, en 1950, il est fait mention d'un statue "la chinoise", dans une vitrine, avec d'autres sujets.

Derviche tourneur
Diseuse de bonne aventure

Plâtre, sans socle H=15 cm.  Une statue portant ce nom est présentée en 1950 dans une vitrine à l'exposition à la Galerie La Boétie, à Paris.

 

Cette femme aux cheveux longs déliés qui retombent sur ses épaules, est accroupie, assise, ses genoux sont repliés, elle porte une robe qui couvre son corps. Son avant-bras droit est levé et sa main pointe deux doigts vers le haut, et deux autres repliés. Ce signe est appelé « geste de bénédiction », c'est une gestuelle et une représentation iconographique chrétienne qui appelle la protection céleste sur des personnes. On voit une ici un geste symbolique chrétien qui s’invite dans une représentation relevant de la culture populaire et des superstitions.

 

Femme soudanaise

Grande statue en terre cuite polychrome H=61 cm, représentant une femme africaine, peut-être une soudanaise. La couleur de l’émail renvoie à la peau noire du modèle, et la polychromie participe de la tenue. Le sujet est droit, dans une pose hiératique, digne. L’artiste donne un léger mouvement par la pose des jambes, qui confère une fluidité au tissu avec le tombé du drapé au niveau des hanches et des pieds. Le modèle prend une position respectueuse en croisant les bras sur son ventre.

 

Les costumes de femmes au Soudan sont toujours des drapés très colorés qui enveloppent tout le corps jusqu'aux pieds. Le châle qui couvre les épaules dans ce sujet couvre aussi la tête de la femme normalement. La femme, qui est représentée ici, a découvert ses cheveux et regarde droit devant elle. Elle ne porte pas de bijoux. On peut supposer qu’une personne a réellement posé pour cette statue.

Jeune femme aux bras levés
Le couple, le baiser ou l'étreinte

Au Salon des Tuileries, 1932,  "le Baiser" de Daria Gamsaragan est remarqué avec le commentaire "un joli groupe granit". Suivant les images dont nous disposons, il existerait en plus du Baiser en granite une sculpture en pierre blanche et une autre en bronze. L’artiste a conservé le moulage en plâtre.

Le torse

Selon les informations venant de critiques des expositions auxquelles Daria Gamsaragan a participé et selon les images dont nous disposons, il semble que « le Torse » ait été exposé la première fois au Xème Salon du Caire 1930, où il a provoqué un début de scandale, car refusé et exposé dans une autre galerie. Il existe au moins deux versions connues, l’une en bronze, acquise en 1949 se trouvant actuellement au Musée d’Art et d’Histoire de Dreux et l’autre en marbre, acquise en 1964 se trouvant à la Galerie Nationale d’Arménie.  Dans la Collection de l’artiste est conservé le moulage en plâtre noirci de cette statue.

Maternité
Porteuse de fruits version 1

Cette porteuse de fruits prend ici des formes pleines et des volumes massifs. Son corps est très architecturé, et les formes géométriques. Nous pouvons sentir ici à la fois l’influence de Bourdelle mais aussi elle de Joseph Csaky, par les formes géométriques mais aussi simplifiées. Elle s’attache ici à la représentation du corps féminin, dont les formes voluptueuses sont d’un drapé géométriquement développé, en actualisent l’interprétation figurative.

 

Une série de calques montre les étapes de la création de cette statue : le corps a été dessiné en premier, puis à l’aide de différents calques le corps est copié à l’identique et le visage de la femme prend différentes expressions du regard et différentes coiffes sont imaginées. On voit tout le soin que l’artiste porte aux détails pour arriver à insuffler la vie à son modèle.

Porteuse de fruits version 2

Daria Gamsaragan réalise une statuette polychrome sur le sujet de la porteuse de fruits, sujet souvent repris par l’artiste, avec la porteuse d’eau. Ce thème fait souvent partie des envois pour les expositions de la sculptrice en Égypte, plus rarement en France. L’équilibre est créé par la pose, les bras ouverts portants des fruits, tandis qu’un léger balancement des jambes vient donner une dynamique au sujet. La polychromie et la technique de cette sculpture sont assez rares dans la production de l’artiste, qui joue ici avec les formes et les rendus avec quadrillage du panier, la brillance de la jupe, ainsi que les nombreux détails des fruits.  Il est possible que cette statuette ait été présentée à l’exposition de la galerie MMM au Caire en 1937.

Porteuses d'eau
Projet pour une fontaine