Daria Gamsaragan (de son vrai nom Ardemis Dora Gamsaragan) est une artiste sculptrice et médailliste née à Alexandrie (Égypte) le 24 avril 1902 et décédée dans le 14e arrondissement de Paris, à son domicile Square Henri Delormel, le 1er mars 1986. Elle est également écrivaine sous le pseudonyme d’Anne Sarag.

L'album de famille
1 Galinig Djabourov, avant son mariage, avec Armenag Gamsaraganphoto prise à Constantinople
2 Avant la naissance de Daria, son père Armenag debout, Bedros Djabourov, assis, sa soeur Galing mère de Daria, Aram et Yervant, frères de Daria
3 Armenag (père de Daria),Yervant (frère de Daria), Galing (mère de Daria) et Daria bébé
Cuirassé (1901) - Cette image semble être celle du cuirassé USS New York (ACR-2) qui est transféré à la flotte d’Asie en 1901 en passant par Gibraltar, Port Saïd et Singapour pour rejoindre les Philippines, puis Yokohama au Japon. Cette photo a été probablement prise au cours d'une escale à Alexandrie et le photographe a tenu à envoyer cette photo à "M. Achabahian¨, à Zagazig, aux bons soins des frères Gamsaragan (verso de la photo). Les frères Gamsaragan possédaient une manufacture de tabac à Zagazig. Cett
6 Paquet de cigarettes Gamsaragan Egypte -1. Armenag et son frère possédaient une manufacture de tabac à Zagazig
7 Cigarettes Gamsaragan Egypte-2 vue de la manufacture de tabac de choix On peut deviner sur le fronton l'inscription " Gamsaragan bros".
8 Familles Gamsaragan et Djabourov attablées De gauche à droite: Daria, son frère Aram, Bedros, la femme de Bedros, Mannig, Galing, une dame, Armenag, Mady et devant au centre Stefan, fils de Bedros; Ils sont à Yakadjik en Turquie.
9 En vacances à Tashdelen Photo de vacances autour d'une source d'eau thermale à Tashdelen. Madeleine (Mady) Djabourov, tenant la main d'Aram Gamsaragan, frère ainé de Daria, Daria penchée sur l'épaule de sa mère Galinig, Stefan Djabourov cousin germain de Daria, Sirvart une cousine de la famille connue pour avoir les yeux très clairs. Un grand moment de bonheur et de détente.
10 Familles Gamsarargan et Djabourov Tashdelen (Turquie) en vacances autour de 1910 Tashdelen en Turquie est une station thermale. Les membres de la famille ont un verre à eau à la main. L'homme au fusil n'est pas un membre de la famille.
11 Les cousins germains Madeleine (Mady), Stefan et Daria avec Bedros (père de Stefan et Mady) La fratrie Mady et Stefan, avec leur père Bedros sont fiers d'être pris en photo. Daria, leur cousine germaine, sourit de son côté plus timidement. Elle accepte de se joindre à eux trois. Tout le monde est habillé en tenue de ville très soignée. Chapeaux pour tous, sauf pour Daria, la plus jeune, qui a des cheveux longs lâchés en arrière.
12 Les cousins germains, Daria et Stefan, les plus jeunes enfants avec Bedros, le père de Stefan Le bonheur et la douceur de cette image sont troublants. Bedros est connu pour sa très grande sagesse et sa grande humanité. Stefan est le plus jeune de ses enfants et ils s'adoraient. Stefan sourit à la caméra et il est fier de poser sur les genoux de son père. Daria est boudeuse, tout en retenue, avec sa jolie robe en dentelle fluide et son nœud, telle une rose, à la ceinture. Une autre personne faisait peut-ê
13 Daria plongée dans la lecture Photo Alban 1912
14 Daria à 11 ans (1912) Dédicace à Imre Gyomaï ajoutée par la suite. Dédicace manuscrite : « la petite Doritza de 11 ans à son jeune Imroush de 19 ans. Souvenir de leur amour d’antan !! Daria, 17/12/29
16 Daria boudeuse
17 Daria songeuse - Photo Alban Alexandrie 1912
18 Daria odalisque Daria aime bien se déguiser. Ici elle est affalée sur un divan oriental, au milieu des poufs, des coussins et des tentures murales fumant un narguilé. C'est à Alexandrie dans sa maison natale.
19 Daria médaillon en 1912 Photo Alban Alexandrie
20 Daria salue le printemps à Alexandrie Photo Alban 1920 Elle tient une branche fleurie à la main. Photo Alban 1920. Daria a 18 ans. Elle est rayonnante et heureuse.
21 Daria profil 1924 Photo Alban Alexandrie
22 Armenag Gamsaragan devant le Nil, autour de 1925 Armenag, toujours très élégant, face au Nil, on peut le penser. Ses habits contrastent avec le cadre naturel du bord de fleuve. Des bateaux sont là, une felouque aussi au loin. Daria avait une affection particulière pour son père. D'après ses écrits, son père avait été un homme très seul, jusqu'au jour de sa naissance, il était resté orphelin de sa mère très jeune. Il aurait aimé avoir une sœur et il a mis toutes ses espérances, toutes ses ambitions dans s
23 Daria avec ses parents en voyage en Italie (Venise) autour de 1925
24 Daria, Imre et Armenag, Alexandrie, Photo Shahen vers 1930 Daria se penche tendrement sur le dos d'Imre, qui reste concentré sur la feuille blanche dans sa machine à écrire. Armenag, le père de Daria se joint à eux. Il y a une tasse de café et un verre d'eau posés devant lui. Il s'appuie sur un fauteuil tapissé d'un beau tapis. La table est aussi recouverte d'un tapis épais et plusieurs livres et journaux sont posée devant.
25 Daria et Imre Alexandrie, Photo Shahen vers 1930. Daria et Imre posent dans la maison familiale de Daria à Alexandrie. On voit un papier peint imprimé typique du style de intérieurs anglais de l’époque. Daria examine une sculpture de "la porteuse d'eau" posée sur une stèle. Imre est concentré devant sa machine à écrire. Il y a un paquet de cigarettes Gamsaragan posé sur la table.
26 Daria et Imre ensemble Alexandrie. Photo Shahen vers 1930 Une autre prise de vue à Alexandrie dans la maison familiale de Daria. Les jeunes mariés se regardent. On voit une bibliothèque replie de livres à l'arrière. Daria a posé l’ébauche de sculpture du « derviche tourneur » sur une stèle.
27 Daria avec son mari, son père et une cousine en vacances Daria en vacances avec Imre Gyomaï son mari, assis. Son père Armenag, avec le chapeau et son élégance toute britannique met son bras autour de l'épaule de Daria. Une autre dame très proche de la famille est Syrvart, une cousine.
28 Daria et Imre en voyage en voiture avec chauffeur.
29 Daria jeune femme fumant le narguilé
30 Portrait Daria par Korda 1930
31 Portrait de Imre par Korda autour de 1930
32 Daria, Imre et Lahner, Paris, photo Alban Imre Gyomaï est assis sur la banquette, la main à l'intérieur de sa veste, Emile Lahner est assis sur l'accoudoir du canapé, les jambes croisées. Daria est montée en haut de l'escalier et se penche pardessus le bord, tous les trois regardent le photographe. Photo Alban, Paris autour de 1930.
33 Daria en famille avec Imre Guyomaï en 1935 en Suisse.
34 Daria sur la plage de Cagnes sur Mer en juillet 1930
36 Daria modèle pose -1 Alban 233, Fb St-Honoré.
37 Daria modèle pose -2, Alban 233, Fb St-Honoré
40 En costume national roumain, à Bucarest
41 Daria à cheval à La Michelière -1 vers 1945-1950 ©Ergy LandauARJL
42 Daria à cheval à La Michelière -2©Ergy LandauARJL
43 Daria sur le devant de sa maison à la Michelière ©Ergy LandauARJL
44 La Michelière
45 Daria et son chien Baloo à la Michelière vers 1945-1950 ©Ergy LandauARJL
46 Daria et Georges Vallois La Michelière 1945-1950 ©Ergy LandauARJL
47 Daria Photo d'identité Vers 1945-1950 ©Ergy LandauARJL
48 Avec Jean Paul Sartre dans un café avec Georges Vallois. Début des années 1950. ©Ergy LandauARJL
49 Daria dans le jardin Villa Spontini, avec au fond la sculpture le torse en pierre vers 1950 ©Ergy LandauARJL
50 Daria costume hongrois veste noire en velors brodée de dessins blancs. ©Ergy LandauARJL
51 Daria chez elle en 1967, Square Henri Delormel, Paris
52 Daria en Côte d'Ivoire avec le Pen Club 1967. Daria est la seule femme ecrivain du groupe. Elle semble plaisanter avec les autres participants.

 

Les Ateliers de Daria Gamsaragan

Lorsqu’on évoque l’atelier d’un sculpteur on pense par exemple à Constantin Brancusi ou à Alberto Giacometti. Brancusi avait un attachement viscéral à son atelier situé dans l’impasse Ronsin dans le quartier de Montparnasse, au milieu de beaucoup d’autres ateliers d’artistes venus du monde entier.  De 1916 et jusqu’à sa mort en 1957, pendant plus de 40 ans, le sculpteur habitera et travaillera dans cet atelier. Qu’avait-il de remarquable pour susciter un tel attachement à ce lieu de travail ? Les photos qui nous ont parvenues montrent un aspect « bohème » d’un atelier avec une grande verrière en toiture, mais avec des murs abimés, des fenêtres dépareillées, peu de confort, un grand encombrement au sol. C’est dans cette atmosphère peu accueillante que le sculpteur a créé ses œuvres. On voit dans ce décor surgir la « Colonne sans fin » ou « L’oiseau » qui incarnent la force de l’esprit, la pureté, la beauté. Dans cet ensemble d’outils, de matériaux, du désordre et aussi de la présence de toutes ses autres créations du passé, l’artiste puise la force et les idées pour pouvoir avancer. Cet environnement le pousse à créer à nouveau. 


En 1926, Alberto Giacometti emménage dans ce qui sera son atelier jusqu'à la fin de ses jours. Il appela ce studio situé rue Hippolyte-Maindron, près de Montparnasse, sa « caverne-atelier » qu’il ne quittera plus malgré l’inconfort des lieux et la petite taille. Pendant la guerre, il est contraint de quitter cet atelier, mais le retrouve ensuite. Son frère Diego, était aussi son assistant. Les frères Giacometti habitaient dans les petites annexes du studio. Il y avait des livres, des peintures, des dessins et des sculptures en plâtre empilés partout. Cet atelier conserve alors la mémoire de toutes les étapes de la création de l’artiste et la présence de son frère à ses côtés contribue également à la quête de sa propre vérité. 

Dans l'atelier de la Grande Chaumière-2 Photographe anonyme
Daria Gamsaragan à La Grande Chaumière avec sa sculpture d'une femme debout

 

Revenons à Daria Gamsaragan. Elle les a connus tous les deux et visité leurs ateliers, qu’elle évoque longuement dans ses écrits. Daria Gamsaragan et Alberto Giacometti ont commencé leur formation à la Grande Chaumière en même temps. Ils sont restés toujours en contact. Le rôle central joué par les ateliers des sculpteurs Brancusi et Giacometti, qui ont fait « corps » avec les créations de ces artistes, s’est imposé évidemment à Daria Gamsaragan. Son destin ne lui a pas permis de bénéficier de ce précieux refuge. 

 

Les ateliers de Daria Gamsaragan ont suivi les bouleversements de sa propre vie. Elle les a recréés partout où s’est trouvée : avant son mariage avec Imre Gyomaï, un appartement parisien qui était aussi son logement, puis après son mariage, la Villa Seurat, qui venait d’être conçue dans le quartier du Parc Montsouris, pour les artistes, suivi d’un déménagement à Montmartre, Villa Junot.  Là, « dans un pavillon fait de deux ateliers, Imre écrivait, moi je sculptais, je faisais alors des grandes statues que je n’ai pas conservées » écrit-elle. 

Chez Daria à Paris fin des années 1920, 6 rue Frémiet Paris 16ème -1
Chez Daria à Paris fin des années 1920, 6 rue Frémiet Paris 16ème -2
Daria avec la statue grandeur nature d'une femme.
Chez Daria à Paris fin des années 1920, 6 rue Frémiet Paris 16ème -3

 

Son ancrage à Alexandrie a duré aussi longtemps que son père a vécu (1940) et elle a pu y exercer son art, en particulier sculpter la pierre, sculpter les bustes de ses amis ou réaliser des sculptures inspirées de la vie en Egypte. 

 

Certaines de ces réalisations nous sont parvenues, d’autres ont été exposées et vendues sur place, dont il nous reste quelques photos. La guerre a été un grand déchirement ; divorcée de Imre, elle a quitté la France avec une grande angoisse de ne pas pouvoir y revenir et continuer son travail. Le régime de Pétain n’était pas très accueillant pour une égyptienne. 

Le modèle et son buste, l'homme au kufi (Alexandrie)
Buste de l'homme au kufi
Daria chez elle à Alexandrie 1
Daria chez elle à Alexandrie 2

 

Après la guerre, des photos la montrent dans une maison à Honfleur, en Normandie, au milieu des champs, elle sculpte ici des grandes statues en bois. Dans les années 1950, elle est de nouveau à Paris et recrée son atelier dans une maison, où elle habite Villa Spontini, dans le 16ème arrondissement. Finalement en 1960, de retour dans le 14ème arrondissement de Paris, elle achète un appartement duplex Square Henri Delormel dans lequel elle a vécu et travaillé jusqu’à la fin.  A la cave, elle a gardé toutes les stèles en bois, de différentes tailles et époques, avec de nombreux outils, dont elle ne s’est jamais séparée.


Elle a écrit :


« Artisane pétrissant l’argile, manipulant le plâtre, polissant la pierre, saurais-je apprivoiser les paroles mobiles, impalpables, ces ailes d’oiseau ? La sculpture est poésie ou elle n’est pas. La magie est son domaine privilégié. Habitée par des milliers de mots et de vies qu’elle a emmagasinées au moment de sa création, la chaleur des mains qui la caressent la fait, sans cesse renaître et vibrer d’une incantation silencieuse qui se révèle à celui qui l’approche ».

L'étreinte vers 1930
Daria face à sa sculpture 1932, Paris, Photo Alban Paris, 46 rue de Pontieu, Paris
Daria Gamsaragan et sa sculpture, Paris, Photo Alban, 46 Rue de Ponthieu, Paris
Daria Gamsaragan et la sculpture de l’homme au turban (le soudanais) (Alexandrie)
Daria à La Michelière (Honfeur) dans un atelier improvisé
Daria sculpte le bois à La Michelière
Daria Villa Spontini Paris vers 1950
Daria Gamsaragan dans son atelier, Villa Spontini, Paris, vers 1957 -1
Daria Gamsaragan dans son atelier, Villa Spontini, Paris, vers 1957 -2
Daria sculpte le buste de Charles Estienne 1957
RTF Paris Club années 1960
RTF Paris Club années 1960
Daria et son modèle, Palm Beach 1963
Palm Beach Notes 1963 -1
Palm Beach Notes 1963-2
Daria, Florence et le buste de Florence (vers 1966)
Square Delormel, Paris 1973, Daria chez elle, reflet dans le miroir
Atelier Daria Gamsaragan Square Henri Delormel, Paris 1977 -1
Atelier Daria Gamsaragan Square Henri Delormel, Paris 1977 -2
Atelier Daria Gamsaragan Square Henri Delormel, Paris 1977 -3
Atelier Daria Gamsaragan Square Henri Delormel, Paris 1977 -4
Avec Guy Levis Mano et son buste 1981