CATALOGUE DES OEUVRES
Daria Gamsaragan

Les statues des années 1940

Au cours des années 1940 Daria Gamsaragan n’a participé à aucune exposition majeure, et en tout cas n’a pas exposé de nouvelles sculptures. Ce sont les années de guerre et d’occupation de Paris. Daria Gamsaragan a été active dans la résistance. Divorcée de Imre Gyomaï, elle a rencontré Georges E. Vallois journaliste au « Franc-Tireur » et par la suite, directeur de « Libération ».

 

Après la libération, elle acquière une grande maison à La Michelière, près de Honfleur. Elle écrit : « Sortis de la fange de la guerre… nous portions nos idéaux intacts, à bout de bras, comme offrandes au monde nouveau ». Son activité créatrice n’a pas été moindre, bien qu’elle ne puisse plus bénéficier de ses contacts à Alexandrie et son atelier parisien. On la voit sur des photos travailler dans cette maison  près de Honfleur. Ses nouvelles réalisations seront dévoilées à la Galerie la Boétie, en 1950, à Paris. Les éléments nouveaux qui apparaissent et qu’on peut identifier par les photos sont « L’homme nu », « Le Lotus », « Eve », « Le salut à la Paix », peut-être « Le printemps ». Nous pensons aussi à une autre représentation de « La maternité » et des « Porteuses d’amphores » qui font écho aux sujets du même nom, créés au cours de la décennie précédente, tout imprégnées alors de l’influence égyptienne. La femme dans ces nouvelles représentations est particulièrement érotisée et libérée des stéréotypes de « l’ancien monde ». Les sculptures la représentent front nu, regard fier, avec des postures peu conventionnelles, des silhouettes minces, presque adolescentes. Daria Gamsaragan se définit elle-même comme « expressionniste ». « L’homme nu » a été tout particulièrement apprécié par la critique comme on a pu le constater dans les extraits de la presse repris dans le dossier des « Expositions ». La symbolique de cette homme debout, maigre, qui ouvre ses bras immenses, avec un corps « un peu cachexique évoque les souffrances endurées par de milliers d’hommes dans les camps de tortures et d’extermination ». On constate que cette sculpture a été réalisée dans une version en plâtre de très grande taille. On ignore où elle pourrait se trouver. Pour un autre critique d’art, « le Salut de la Paix et l'Homme nu... sont parmi les pièces les plus marquantes d'un ensemble entièrement consacré à l'exaltation d'un sentiment national et aux aspirations humaines les plus élevées ».

 

La guerre était présente dans tous les esprits, mais les créations de Daria Gamsaragan de cette époque délivrent un message d’espoir et de confiance dans l’avenir. C’est le besoin de tourner la page et de se retrouver. Un monde nouveau a émergé de la souffrance. L’érotisme de ces corps traduit le désir de vivre et de surmonter les souffrances. La figure humaine renaît et prend le dessus sur la machine infernale de la guerre.

 

La réalisation de portraits a continué durant cette période, même s’il ne nous est pas possible d’identifier les personnes concernées.

 

Étude pour un corps de femme debout
Eve

Eve en bois, gracieuse et élancée, semble faire corps avec le tronc d’arbre dans lequel elle a été sculptée, son visage, tête baissée, est d’une grande beauté, toute son attitude exprime la volupté et l’érotisme. Des croquis ont été retrouvés dans un petit carnet, un agenda de poche, dans lequel Daria Gamsaragan a étudié en particulier le déhanché de ce corps avant de le sculpter. Une photo d’atelier prise dans les années 1950 monte un moulage en plâtre d’une jeune femme qui a peut-être servi de modèle à Eve.

Femme debout
Grands oiseaux
L'homme allongé
L'homme nu
Le printemps, femme assise coude levé
Le réveil
Le Salut à la paix
Lotus

La position dite du lotus, devenue emblématique de la pratique du yoga, symbolise l'harmonie entre le corps, l'esprit et l'âme. Cette posture est souvent utilisée pour la méditation, car elle favorise la stabilité et la concentration. Cette grande sculpture taillée dans un tronc d’arbre est particulièrement impressionnante par sa taille et elle suggère l’affranchissement des conventions de la société. Elle symbolise à la fois la liberation du corps et de l’esprit.

Maternité

Cette représentation de la Maternité est beaucoup plus érotique que la Maternité égyptienne. Elle affiche délibérément le portrait d’une femme moderne, qui concilie son rôle de mère et sa sexualité affichée avec un désir provocateur.

Porteuses d'eau et danseur au bâton

Ces trois images montrent différentes versions des thèmes que l’artiste a développés dans sa jeunesse sous l’influence de ses racines égyptiennes. Les porteuses d’eau portent ici des robes plus élégantes et inspirées des costumes de scènes, très différents des premières versions authentiques. Le pas décidé, l’allure fière, la grâce de ces femmes étaient déjà là dans les anciennes versions. Le danseur au bâton a conservé le style d’origine, les années 1930, où l’artiste retournait régulièrement dans sa maison familiale.

Torses et attitudes (six ébauches)