Les statues des années 1970 et 1980
Les thèmes qui ont inspiré Daria Gamsaragan au cours de la décennie précédente ont continué à se développer encore plus. Les éditions des signes du zodiaque présentées dans ce catalogue, dans un fichier séparé, ont eu beaucoup de succès et elles étaient proposées en série de douze signes, dès 1970 à l’exposition chez Marthe Nochy. Daria Gamsaragan a aussi répondu au début des années 1970 à une demande de la maison Chanel, de Coco Chanel elle-même, d’imaginer des croix comme pendentifs richement décorés de pierres de couleur. Certains dessins proposés par Daria Gamsaragan ont été retenus, mais le décès de Coco Chanel en 1971 a mis un terme à ce projet. Il nous reste de nombreux dessins sur calque pour les croix en pendentifs.
Au cours des dernières année de sa vie, Daria Gamsaragan a décliné le thème du cheval fantastique dans plusieurs réalisations remarquables en bronze de toutes les tailles, de relativement grandes à très petites. Les chevaux semblent nager, sauter, trotter, bondir, s’envoler comme portés par une force irrésistible. Le cheval est transfiguré et incarne la joie, la force, le dynamisme et il est associé aux souvenirs de jeunesse de l’artiste.
Une autre sculpture importante est associée à cette période. C’est une sculpture pour commémorer le Génocide arménien, mais aussi tous les génocides et les crimes contre l’humanité. C’est un symbole de la souffrance et de l’impuissance devant l’injustice et la fureur.
En 1982, Daria Gamsaragan expose à New York avec d’autres artistes arméniens, exposition organisée par l’AGBU (UGAB). En 1984 elle expose à la Galerie Sculptures, à Paris une rétrospective de son parcours. Elle participe à nouveau à des expositions collectives à Paris en 1984 et 1985.
Cheval au grand vent
Cheval bondissant
Cheval de fête
Cheval poisson
Jeanne d'Arc
Pégase
Petit cheval
Cette figure du couple qui danse se démarque des autres représentations de la danse par un mouvement qui tient plus d’un corps à corps ou d’une prise entre deux partenaires de forces inégales. C’est une des dernières représentations d’un couple de danseurs à comparer aux autres créations de l’artiste.
Abondance
Cerbère
L'étau
Oiseau fantasmé
Sirène et plante
Bougeoir ou récipient à alvéoles
Licorne et oiseau
Louche zoomorphe
L’historique de ce projet se trouve dans les archives à l’adresse suivante :
http://www.acam-france.org/contacts/contact_lieu.php?cle=32
Daria Gamsaragan fut associée aux premières démarches de ce projet, attesté par la lettre que Monseigneur Serobe Manoukian lui a été adressée le 26 Septembre 1979.
Sur le site cité plus haut on apprend que :
« Le 27 janvier 1978, Monseigneur Manoukian, Archevêque des Arméniens de Paris et Délégué pour l'Europe du Catholicossat d'Etchmiatzine, adresse une lettre au Maire de Paris, Jacques Chirac, au nom de la communauté arménienne. C'est la première démarche pour faire ériger dans la capitale un monument commémoratif à la mémoire des victimes du Génocide Arménien. Le maire répond positivement par une lettre datée du 15 septembre 1978…. S’en suivent neuf années de démarches, et malgré de nombreuses avancées, l'affaire semble bloquée. Monseigneur Kude Nacachian, successeur de Monseigneur Manoukian, décédé, s'adresse au maire de Paris le 22 octobre 1987 en rappelant toutes les étapes du projet et notamment l'accord de la Commission des sites sur un projet de stèle émis le 18 juin 1987 et l'approbation du Conseil de Paris. La lettre de Monseigneur Nacachian reste sans réponse. Après cela, malgré des relances sporadiques, le projet reste gelé pour une longue période. Les aléas des relations entre les États français et turc ont manifestement contribué à ce blocage ».
Le projet est repris beaucoup plus tard et « un nouvel emplacement est trouvé par un accord entre le Comité du 24 Avril et le Maire de Paris, Jean Tibéri, le 29 janvier 2001, lorsque le Maire annonce le vote positif du Conseil de Paris pour ériger un monument. Le choix s'arrête sur la place du Canada. L'endroit est magnifique, il y a toutefois une contrainte en cet endroit : il faut obligatoirement ériger la statue d'une personnalité (au lieu d'un monument). Le choix du Comité du 24 Avril pour cette personnalité se porte sur Komitas, le génie du peuple arménien, qui pouvait symboliser le Génocide de 1915, puisqu'il en fut lui-même victime. Trois projets de différents sculpteurs sont présentés à la mairie de Paris. Celle-ci retient le projet du talentueux David Yérévantsi. Le 24 Avril 2003, c'est le nouveau Maire de Paris, Bertrand Delanoë, en présence d'une foule immense et de nombreuses personnalités, qui inaugure la statue de Komitas symbolisant le Génocide de 1915 ».
Entre temps, le 29 mai 1998, l'Assemblée Nationale de la République Française a voté à l'unanimité la reconnaissance du Génocide arménien.
Daria Gamsaragan, décédée en 1986, n’a pas connu la suite de l’histoire. Elle crée, dès le début des années 1980 la maquette d’une statue dédiée au Génocide du peuple arménien qui incarne tous les génocides et tous les crimes contre l’humanité. C’est une sculpture qui ressemble à une colonne représentant un homme ou une femme enroulé(e) dans un drap, mais ce drap est formé par des mains tendues qui enserrent ce corps et qui sont celles des victimes tombées ou des morts sans sépulture. La tête du personnage est la voix qui crie et se perd dans le vide. Le cou est le prolongement de la trachée éventrée, comme une blessure à vif. Le personnage symbolise la souffrance extrême, le désespoir et l’impuissance.