Affiche Surréalisme, 1947
Affiche exposition internationale du Surréalisme, Paris, 1947.
Exposition
Gratuit
Installation
Peinture
Sculpture

Exposition internationale du Surréalisme Group Show

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Galerie Maeght
13 rue de Téhéran
75008 Paris
France

Comment s'y rendre ?

L'exposition internationale du Surréalisme voit le jour à la Galerie Maeght au sortir de la guerre. Elle résonne en écho aux expositions internationale du Surréalisme de Londres en 1936, de Paris et 1938 et de New York en 1942.

 

Organisée par André Breton et Marcel Duchamp, l'exposition réunit 150 œuvres réalisés par 87 artistes en provenance de 24 pays avec : Braulio Arenas, Jean Arp, John Banting, Maurice Baskine, Glen Baxter, Hans Bellmer, Vilhelm Bjerke-Petersen, Francis Bott, Francis Bouvet, Victor Brauner, André Breton, Roger Brielle, Emmy Bridgwater, Serge Brignoni, Jorge Caceres, John Cage, Alexander Calder, Bruno Capacci, Leonora Carrington, Paul Colinet, Raymond Daussy, De Diego, Frédéric Delanglade, Pierre Demarne, Enrico Donati, Marcel Duchamp, Max Ernst, Albert Flocon, Wilhelm Freddie, Jacques Gaudel, Alberto Giacometti, Henri Goetz, Arshile Gorky, Eugène Granell, Guérin, Jacques Halpern, David Hare, Jindrich Heisler, Jacques Hérold (Herold Blumer), Hill, Morris Hirsfield, Charles R. Hulbeck (Richard Huelsenbeck), Hector Hyppolite, Marcel Jean, Kamel, Fredercik Kiesler, Gerome Kamrowski, Wifredo Lam, Jacqueline Lamba, Pierre Mabille, Conroy Maddox, Emile Malespine, Maria (Maria Martins), Roberto Matta, Henry Miller, Joan Miro, Isamu Noguchi, Nouveau, Taro Okamoto, Roland Penrose, Francis Picabia, Candido Costa Pinto, Man Ray, Jeanne Reynal, Germaine Richier, Edith Rimmington, Jean-Paul Riopelle, Key Sage, Sonja Sekula, No Seigle, Jaroslav Serpan, Sommer, Jindřich Štyrský, Yves Tanguy, Dorothea Tanning, Claude Tarnaud, Elsa Thoresen, Toyen (Marie Čermínová), Suzanne Van Damme, Remedios Varo, Isabelle Waldberg, Robert Willems, Scottie Wilson, Ramsès Younane.

 

L'exposition nous est décrite par André Breton comme suit :

S'il est de toute nécessité de réunir à Paris (où le plus grand nombre d'entre elles sont inconnues même par la reproduction) un choix des œuvres plastiques surréalistes les plus typiques de ces dernières années, nous pensons que cette pure et simple réunion serait moins que jamais suffisante. Il importe, au delà, de réaffirmer une COHESION véritable et, par rapport aux précédentes manifestations de groupe, de marquer un certain DÉPASSEMENT.

 

Les aspirations surréalistes, aussi bien poétiques que plastiques, doivent, dans l'exposition de 1947, pouvoir s'exprimer simultanément, leur commune mesure étant cherchée du côté d'un MYTHE NOUVEAU à traduire, dont on peut d'ailleurs considérer qu'il existe aujourd'hui à l'état embryonnaire ou latent.



La structure générale de l'exposition répondra au souci primordial de retracer les étapes successives d'une INITIATION, dont le passage d'une pièce dans l'autre sous-entendra la graduation.

La plus grande partie des locaux du rez-de-chaussée doit être consacrée à une RÉTROSPECTIVE intitulée Les Surréalistes malgré eux'' et comprenant à la fois des œuvres d'artistes pré-surréalistes (Bosch, Arcimboldo, Blake, Rousseau, Carroll, etc.), et des œuvres de contemporains qui, ayant été momentanément en contact avec le surréalisme, ont, pour une raison ou une autre, cessé de graviter dans son orbite (Chirico, Picasso, Masson, Dali, Paalen, Magritte, Dominguez, etc.)



On accédera aux salles supérieures par un escalier de 21 marches qui auront été modelées en dos de livres et porteront 21 titres cor- respondant en signification aux 21 arcanes majeurs du tarot (le MAT ou FOU excepté) 

(…)

Au seuil du premier étage, la SALLE DES SUPERSTITIONS, qui ouvre le cycle théorique des épreuves, doit réaliser la synthèse des prin- cipales superstitions existantes et obliger à les surmonter pour poursuivre la visite de l'exposition (réalisation architecturale de cette salle confiée à Frederick Kiesler, Marcel Duchamp et Matta, s'aidant à New-York de tous concours qui pourront s'offrir).

La salle suivante obligera le visiteur à contourner plusieurs rideaux de pluie multicolores pour parvenir, sans déranger des joueurs de billard, à la salle divisée en octogones.

Chacune des douze alvéoles octogonales (délimitée par un support de maçonnerie haut de 3 mètres) sera consacrée à un être, une catégorie d ' êtres ou un objet SUSCEPTIBLE D'ÊTRE DOUÉ DE VIE MYTHIQUE

et auquel on aura élevé un « autel » sur le modèle des cultes païens (indiens ou vaudou, par exemple). Se trouveraient ainsi promus à l'existence mythique :

1. Le Tigre mondain (cf. Jean Ferry : «Le Tigre mondain'', LES QUATRE VENTS, N° 6 ) ,

2. La Chevelure de Falmer (cf. «'Maldoror'', chant IV),

3. L'Héloderme suspect sur le cactus tonneau (Gila Monster and Barrel Cactus),

4. Jeanne Sabrenas (Héroïne de «La Dragonne'' d'Alfred Jarry), 

5. Léonie Aubois d'Ashby (cf. Rimbaud : « Dévotion »),

6. L'Oiseau Secrétaire ou Serpentaire (cher à Max Ernst),

7. Le Soigneur de Gravité (resté à l'état intentionnel dans « La Mariée mise à nu » de Duchamp),

8. Le Condylure (ou taupe étoilée des vieux auteurs: star nosed mole),

9 . Le Louptable (cf. Brauner : « Morphologie psychologique » et et « Fascination »

10. Raymond Roussel (en personne, mais commandant, en principe, aux objets insolites : couteau de Lichtenberg, tasse pour gaucher d'Alphonse Allais, etc.),

11. Les Grands Transparents (cf. Breton, V n° 1),

12. La fenêtre de Magna sed Apta (cf. « Peter Ibbesson » de Georges du Maurier).



Ces douze personnifications, dans l'ordre où elles sont ici mentionnées, épousent dans leur succession les douze signes du Zodiaque (à partir du Bélier) et l'on a veillé à les mettre en rapport avec les douze heures du « Nuctameron » d'Apollonius de Thyane :

1. BÉLIER. - Le Tigre mondain: Dans l'unité les démons perdent leur malice et leur colère'' (Ap. de T. )

2. TAUREAU. - La Chevelure de Falmer : « Les abîmes du feu » (Ap. de T. )

3. GÉMEAUX. - L'Héloderme suspect : « Les serpents, Cerbère, la foudre » (Ap. de T.)

4. CANCER. - Jeanne Sabrenas : « L’esprit erre sur les sépultures. Les lampes magiques s'allument » (Ap. de T.)

5. LION. - Léonie Aubois d'Ashby : « Les eaux supérieures du ciel » (Ap. de T.)

6. VIERGE. - L'Oiseau Secrétaire : « Immobile et sans crainte devant les monstres » (Ap. de T.)

7. BALANCE. - Le Soigneur de gravité : « Le feu qui donne vie est dirigé par la volonté des purs » (Ap. de T. )

8. SCORPION. - Le Condylure : « Les vertus astrales des éléments, des semences, les chaînes d'harmonie » (Ap. de T. )

9. SAGITTAIRE. - Le Louptable : « Ici rien de fini. Silence ! » (Ap. de T.)

10. CAPRICORNE. - Raymond Roussel : « Les portes du ciel sont ouvertes et l'homme renaît docile dans le sommeil léthargique » (Ap. de T. )

11. VERSEAU. - Les Grands Transparents : « Le bruissement mystérieux » (Ap. de T.)

12 . POISSONS. - « La fenêtre de Magna sed Apta » : « Les cohortes de feu se reposent » (Ap. de P).



Le signe zodiacal ne sera spécifié que par une frise unie, contournant les parois de chaque alvéole, de la couleur de la pierre correspondant au signe en question. Cette première frise sera doublée d'une seconde frise, d'exécution collective, d'une alvéole à l'autre faisant fonction de fil d'Ariane.

Les «autels » nécessiteront :

1. Une architecture propre, en rapport avec chacun des sujets évoqués,

2. Une figuration plastique de chacun de ces sujets par l 'image peinte, la sculpture ou l'objet,

3. La spécification d'une catégorie d'objets votifs de nature à créer l'ambiance cultuelle (exemples : une ample réunion de crucifix la tête en bas autour de la Chevelure de Falmer, une rampe d'épaulettes d'or pour Jeanne Sabrenas, etc.),

4. D'autres objets de caractère intercesseur, de structure différenciée,

5. La désignation de mets et offrandes propitiatoires (avec description graphique de leur contenant, etc.).

Nous vous prions de nous soumettre des textes d'INSCRIPTIONS à introduire dans chaque case ainsi que des schémas de dessins pouvant être exécutés sur le sol au pied de chacun des « autels ».

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L'exposition proprement dite (tableaux et sculptures) se poursuivra de salle en salle sans tenir compte des attributions spéciales énumérées ci-dessus. Il se sera fait exception que pour les alvéoles dont les murs même ne seront disponibles que pour des œuvres en rapport avec l'intention fondamentale qui préside à chacune d'elles et celles qui auront été réalisées pour la circonstance.

Paris, 12 Janvier 1947. 

A. B.