Yannig-Hedel, 1PLH-92-Obliques-ombrées_Courtsey-Bigaignon
Yannig Hedel, 1PLH-92-Obliques ombrées, Courtsey-Bigaignon
Exposition
Gratuit
Bois gravé
Huile
Installation
Photogramme / Photographie
Photographie
Sculpture

"La dialectique de l'ombre" l'exposition collective de Bigaignon

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Bigaignon
18 rue du Bourg-Tibourg
75004 Paris
France

Comment s'y rendre ?

Placée sous le commissariat de Thierry Bigaignon, et regroupant cette année les travaux de douze artistes représenté.e.s et invité.e.s, l'exposition collective présentée du 1er juin au 13 juillet et intitulée La Dialectique de l’Ombre abordera la question de l’ombre dans son rapport à la lumière, de la photographie dans son rapport au réel et plus largement de l’art dans son rapport au monde. À cette occasion sera organisé un événement spécial Nuit Blanche le samedi 3 juin : la galerie restera ouverte jusqu'à 2h du matin.

 

Artistes : Anne-Camille Allueva, Anne Blanchet, Sophie Coroller, Renato D’Agostin, Mireille Fulpius, Ralph Gibson, Yannig Hedel, Denis Malartre, Thomas Paquet, Anthony Plasse, Olivier Ratsi et Elyn Zimmerman

 

Des origines de l’image à l’avénement de la photographie, la question de la représentation du réel s’est posée. La réalité existe-t-elle, ou n’est-elle que le fruit de notre expérience ? Si la lumière est symbole de vérité, son ombre portée en est-elle le pendant ? Le philosophe Eric Lecerf écrivait que la présence de l’ombre n’est jamais fortuite, qu’elle fusse origine de la représentation picturale pour les uns ou traduction visuelle de la représentation pour les autres. Mais l’ombre est, dans sa version dialectique, la source d’un problème. Elle n’est pas simplement ce qui accompagne la lumière, mais elle la conditionne, la limite et, pour finir, la tourmente. Si toute lumière est portée par l’intention de dissiper les ombres, elle ne cesse d’en produire de nouvelles. L’ombre, rivale et complice de la lumière, tour à tour romantique, caravagesque, impressionniste ou photographique, n'a jamais cessé de mettre en relief les formes, créant ainsi une atmosphère tantôt intime, parfois dramatique, dans sa quête perpétuelle de révéler une présence, de rendre visible l’existence même de la lumière.

 

Que ce soit dans les apparents monochromes d’Anne-Camille Allueva, cette jeune artiste française qui a récemment rejoint la galerie, aux plexiglas translucides de la Suissesse Anne Blanchet, on ressent également chez ces deux artistes une volonté de rendre la lumière visible. C’est en revanche sur un principe d’invisibilité que reposent les sculptures murales de l’artiste plasticienne Sophie Coroller. Faites de carbone et de verre, elles migrent sur le mur, se posent comme le papillon d'un Nabokov contemporain. Chorégraphie d'une résistance sans tension, la ligne se tend vers un absolu de non-contrainte, nous plongeant ainsi dans une illusion d'optique. Une ombre y est perceptible sans que nous en comprenions l'origine. Nous ne savons plus d'où provient la lumière, ni ce qui a pu engendrer l'émergence d'une ombre pourtant bien réelle.

 

L’illusion d’optique se poursuit dans l’oeuvre présentée par Renato d’Agostin qui surprendra les connaisseurs de son travail. On y retrouve bien évidemment sa signature,  ses tirages argentiques, mais cette fois-ci, l’artiste italien livre une sculpture photographique où se mêlent acier, reflets et ombres portées, dont le champ s'étend à l'infini grâce à une astucieuse confrontation de miroirs. Avec le travail de Mireille Fulpius, invitée pour l’occasion et plus connue pour sa pratique du bois depuis près de 40 ans, il est également question de sculpture et d’acier. Inspirées de la suite de Fibonacci, les deux pièces présentées ici, oscillant entre présence et absence, vide et plein, lumière et ombre, nous questionnent sur le réel et sa perception.

 

Reconnus pour leurs tirages argentiques, l'américain Ralph Gibson, le prodige du gris Yannig Hedel et le regretté Denis Malartre (dont le travail est exposé pour la première fois à la galerie) ne se limitent pas à écrire avec la lumière, mais la cherchent, l'explorent et l’examinent avec l’ombre en contrepoint. Et l’on pourrait dire que le contrepoint est l’apanage d’Antony Plasse, ce jeune artiste français, résident à POUSH et invité pour l’occasion. Non-content de peindre littéralement avec la lumière à travers l'utilisation de gélatine argentique sur ses toiles, il en efface les traces, et en pratiquant le pli et l’incision sur ses toiles déchâssées, l’artiste semble se débarrasser de la lumière pour parvenir à peindre avec l'ombre elle-même.

 

L’installation de Thomas Paquet, entre allégorie de Platon et mythe de Narcisse, et celle d’Oliver Ratsi, digne successeur du mouvement Light & Space, ponctuent l'espace et entrent en dialogue de façon harmonieuse. Entre anamorphoses tangibles et fictives, entre reflets réels et ombres imaginaires, notre regard se trouve désorienté... et finit par se poser sur une pièce phare : une composition historique d'Elyn Zimmerman datant de 1975. Découverte il y a quelques années par Thierry Bigaignon au Contemporary Art Center de Copenhague lors d'une importante exposition intitulée « Light & Space », dédiée à ce mouvement californien emblématique des années 60 dont Elyn Zimmerman est l'une des pionnières aux côtés de James Turrell, Larry Bell et Robert Erwin, cette composition faite de tirages argentiques et de dessins au crayon, avance l’hypothèse que lumière et ombre peuvent se confondre, et ce faisant, fait la part belle au passage du temps.

 

Tirages argentiques, photogrammes, sculptures, anamorphoses, installations et œuvres sur toile, La Dialectique de l’Ombre est une exposition protéiforme qui aborde la relation ambiguë entre ombre et lumière, car l’ombre n’existe que parce qu’il y a lumière, tout en se définissant précisément par son absence totale.