Macula, photographies et vidéos Foucault

Texte de Philippe Dagen dans Le Monde du 4 mars 2006.

"Pour Foucault, photographie et sculpture sont inséparables. Ses œuvres, qui ont été présentées en 2005 pendant la biennale de Venise au Palazzo Fortuny, sont des photogrammes en noir et blanc de grand format aux dimensions des murs. Des corps féminins y flottent en apesanteur, comme des baigneuses qui nageaient dans une eau couleur de nuit. Mais ces corps sont éclairés d’une lumière qu’efface les détails, glisse sur les membres et les bustes. Elle y fait apparaître des volumes courbes, des fuseaux, des formes en sablier ou en vague. Elle sculpte les modèles et les polit. Foucault pourrait s’arrêter à ces stylisations brancusiennes. Au lieu de quoi, la surface du papier est attaquée par d’innombrables perforations rondes ou, dans la suite Satori, percée d’innombrables aiguilles métalliques aux têtes brillantes. Ces atteintes en appellent à des sensations tactiles qui troublent la sensation purement visuelle. C’est là encore une nouvelle raison de penser à la sculpture. Mais c’est aussi une raison pour comprendre le travail de Foucault: comme une exploration des modes de perception poussée au plus proche de leurs fonctionnements et perturbations. Ce que confirme la vidéo Macula, ou un léger tremblement du temps de défilement des images déstabilise le regard qui observe un corps en mouvement".