Art Paris Art Fair - Des pépites malgré l'absence de fil rouge

L'édition Art Paris Art fair 2019 bat son plein depuis le 4 avril sous la nef du Grand Palais. Le rendez-vous parisien annuel réunit de nombreuses galeries françaises et internationales sous le signe d'une « scène française d'un autre genre » et de l'exploration de l'Amérique du Sud. Une programmation qui, malgré quelques belles pépites, ne semble pas faire l'unanimité du public : il regrette l'absence de fil rouge et d'harmonie entre les stands des différents marchands de la foire.
La Galerie Templon, la Galerie Claude Bernard, la Galerie Vallois ou la Galerie Anne de Villepoix sont là, accompagnées de nouvelles venues : Art Concept, Ceysson & Bénétière, Jérôme Poggi, Praz Delavallade et SAGE Paris. Des invités de marque également à l'image de Jean-Pierre Raynaud discutant sur le stand de la Galerie Lélia Mordoch avec Miguel Chevalier. Plus loin, l'inénarrable Orlan, après son exposition voici quelques semaines avec la galerie Ceysson et Bénétière palabre avec ses représentants. Pourtant, une rapide promenade sous la nef du Grand Palais vous permet de vous faire rapidement une idée des artistes qu'il vous faudrait acheter. Ici, des Robert Combas, là des Véra Molnar, quelques Robert Malaval... De l'Amérique du Sud, peu de choses en réalité, excepté peut-être chez Gimpel & Müller où l'on peut découvrir ou re-découvrir quelques pièces cinétiques, puis plus loin des Roberto Matta et un espace Léonor Fini. Cette année, la tendance insufflée par le commissariat d'exposition est au solo show...
Au milieu de ce grand déballage d'art contemporain, on doit le premier solo show d'envergure à la Galerie Michel Soskine Inc. Michel Soskine crée en effet la surprise en choisissant de consacrer l'intégralité de son espace au travail d'Ángel Alonso. Proche de Tal Coat et de Nicolas de Stael, le parcours de cet artiste ne manque pas d'intérêt. Condamné à mort par le régime franquiste à l'âge de 15 ans, sa famille obtient sa grâce. Refusant d'effectuer son service militaire, il est ensuite déporté sur l'ïle de Fuenteventura d'où il s'évade pour gagner Paris.
Très remarqué dès son arrivée en France en 1947, il se retire rapidement du monde de l'art et des galeries pour travailler dans le plus grand secret, à la création de son oeuvre : des matières composées de végétaux, recouvertes de charbon où de couleurs qu'il fabrique lui-même... Bref, il invente une peinture pleine d'émotions et de vibrations... Tout au plus pourra-t-on regretter la fragilité de ses oeuvres dont une grande partie a déjà été achetée par le gouvernement espagnol, en attendant la création d'une fondation à Santander.

Cohérente avec la thématique proposée, la galerie Loft expose un ensemble de pièces de Francesco Marino di Teana, né en Italie, mais formé à l'architecture et aux Beaux-Arts en Argentine. La sortie de son catalogue raisonné, complété d'une monographie, a donné lieu à 6 ans de travail. Cette édition 2019 d'Art Paris constituait donc une belle opportunité de valoriser le travail de l'artiste avant son exposition à Florence au musée des Offices. Aube, gigantesque pièce en acier corten, annonce le début du retour de ce géante de la sculpture. A noter également la présentation d'oeuvres graphiques de l'artiste, très rarement montrées au public.

Par « une scène française d'un autre genre », Sile commissariat de l'assocation Aware entendait faire une large place à la femme... Si la Galerie Anne de Villepoix offre à travers les oeuvres d'Annette Barcelo un regard sur la représentation de la femme, c'est à la Galerie Ceysson et Bénétière que revient la palme de cette transfiguration de la femme. L'ensemble d'oeuvres d'Orlan présenté, à travers la série des Self-Hybridations pré-colombiennes, joue à la fois avec la thématique de l'Amérique du Sud et celui de l'hommage à la femme.
