Le confinement d'un artiste par Julio Le Parc

Le confinement instauré dans le monde par la présence du Covid-19 laisse peu de place à l'art. Dans une vidéo d'un peu plus de 3 minutes, Julio Le Parc partage quelques instants de son quotidien. D'abord ludique et pédagogique, l'expérience vidéo s'emballe et se transforme en une fiction cinétique : "Optimismo siempre!"
Julio Le Parc est l'artiste du mouvement et de l'interaction avec le public. A plus de 90 ans, voici ce monument de l'art d'Amérique du Sud condamné au confinement et à l'immobilisme dans son atelier de Cachan. En apparence seulement, parce que cette pause imposée dans le flux d'organisation des expositions est l'occasion d'un message artistique, positif et ludique.
Dans une vidéo de quelque 3 minutes et 15 secondes, l'artiste partage son intimité et un cauchemard cinétique avec le public. Le voici de nouveau en mouvement !
A quoi un artiste peut-il occuper son temps en cette période de confinement ? Des expositions à l'arrêt, des galeries fermées et des projets à venir souvent incertains, faute de savoir quand la pandémie arrivera à son terme. Dans son atelier déserté, la solitude de l'artiste devient alors prétexte à la création d'une vidéo pour se relier au monde. Sur un fond de tango créé par son ami Piazzola, Julio Le Parc partage quelques moments d'intimité : se réveiller et saluer la ville, faire un peu sport, traverser l’atelier, peindre, travailler à son oeuvre, ne pas oublier de déjeuner, faire la vaisselle et le ménage, saluer la ville, prendre le soleil à travers une lucarne, lire, regarder un opéra avec Luciano Pavarotti, faire la sieste et rêver...
Les rêves laissent place au pouvoir de l'insconscient. Un interstice exploité par Julio Le Parc pour laisser dériver ce qui n'était jusqu'alors une tranche de vie en accéléré en fiction créative. Endormi, Julio Le Parc voit bientôt apparaître un virus cinétique, bientôt personnifié et incarné, qui poursuit l’artiste. Une lutte s'engage, obligeant l'artiste à recourir à la flamme d'une lampe à souder... Le duel s'engage et voici bientôt notre artiste sorti vainqueur. L'art triomphe toujours !
Comme toujours chez Julio Le Parc, le jeu n'est jamais très loin, comme lorsque l'artiste réalisait des caricatures sur les artistes et le monde de l'art. Mais la pédagogie non plus. Le film, ouvert par un appel au respect des règles d'hygiène et de sécurité, est ensuite rythmé par des séquences de lavage de mains, le port du masque. Une manière de nous dire : restez chez vous, respectez les règles d'hygiène, aimez l'art, profitez de chaque instant de la vie... Une leçon de vie.