Victor Vasarely is back !
Les oeuvres de Victor Vasarely sont indissociables des trente glorieuses. Après bien des vicissitudes, son petit fils Pierre Vasarely remet l’artiste emblématique de l'Op Art sur le devant de la scène. Au programme : un livre, la restauration de la grande fresque de la Gare Montparnasse et deux expositions, l'une galerie Denise René et l'autre au Centre Pompidou... Le réveil en fanfare de l'art social !
Si vous posez la question au petit-fils de l’artiste Victor Vasarely, il vous répondra à juste titre que son grand-père avait au moins 40 ans d’avance. Né à Pécs - Hongrie - en 1906 et formé au Bauhaus dans les années 30, Vasarely avait d’abord été publicitaire et projetait de créer une école d’art appliqué sur le modèle du Bauhaus. Sa rencontre au Flore pendant la Guerre avec Denise René fait tout basculer. Devenu artiste géométrique, il rêve d'un art social. Un art capable d'infiltrer la vie des hommes à travers tout ce qui l'environne : les équipements publics, la télévision, le mobilier et la décoration. Pari réussi ! jusqu'au célèbre portrait de Georges Pompidou, suspendu depuis 1977 dans le temple parisien de l'Art contemporain. Communiste, Victor Vasarely avait su conquérir l'âme et le coeur du couple présidentiel Pompidou. En 1976, alors que l'on inaugure le centre architectonique d’Aix-en-Provence, la présence de Claude Pompidou à l'événement, affirme encore un certain regard sur la modernité. Mais il en va des modes comme de la politique et de l'économie. Les deux chocs pétroliers ont fait basculer la France dans une autre temporalité. Exit Victor Vasarely, exit le Cinétisme, exit Julio Le Parc et ses amis du GRAV. Exit, même, le bureau d'Agam exécuté pour l'Elysée et désormais dans les collections du Centre Pompidou. Valéry Giscard d’Estaing, nouveau président depuis 1974 est beaucoup plus classique… S’en suit une éclipse progressive de l’Art géométrique. Carrés et cercles se ringardisent…
Lorsque Pierre, fils d’Yvaral et légataire universel de son grand-père parvient à reprendre la Fondation en 2009, Victor Vasarely est décédé depuis 12 ans. Le bilan est assez lourd. Les fresques de la Gare Montparnasse ne sont plus qu’un souvenir dissimulé sous la poussière. Le Château de Gordes, voulu et restauré en 1969 par Claire et Victor Vasaraly a fermé ses portes faute de moyens en 1996. Sur fond de conflits familiaux et de malversations, des centaine d'oeuvres ont disparu de la Fondation ou ont été dispersées. Le Centre architectonique, à cette époque, n’est pas en meilleur état : infiltrations d'eau, absence de chauffage et manque d'argent menacent la pérennité de l'édifice. Dans un même temps, et c'est là probablement l'opportunité que Pierre Vasarely a su saisir, le monde muséal relit ses gammes et redécouvre cette fameuse exposition de 1955 sur le Mouvement, tant voulue et poussée par Vasarely. Mais ce sont cette fois les 4000 m2 du Grand Palais qui servent d'écrin à l'exposition Dynamo, le mouvement dans l'Art, 1913-2013. Pierre Vasaraly obtient de l'Etat que le Centre architectonique soit classé. Courageux, il s'organise et intente plusieurs procès : contre sa belle-mère, contre l'avocat Yann Streiff, sans avoir la garantie de jamais récupérer les oeuvres sorties de la Fondation. Ces péripéties donnent naissance à un ouvrage sorti en janvier dernier, Vasarely, une saga dans le siècle, dans lequel il raconte la vie de son grand-père ainsi que tout l'imbroglio juridico-familial qu'il a vécu ces dernières années. La concommitance de cette sortie avec l'ouverture de l'exposition Vasaraly, le Partage des formes nous redit tout l'engagement de Victor Vasarely autour de cette notion d'héritage et de partage des activités humaines. Alors en guise de conclusion et de message d'espoir, laissons la parole à Victor Vasarely lui-même : "Je rêve d'un art social. Je crois à une profonde aspiration plastique chez l'homme. Tout comme à une aspiration au rythme ou à la musique. Je crois que les possibilités existent de nouveau pour satisfaire l'aspiration naturelle de l'homme aux joies sensorielles. La foule, les masses, une multitude d'êtres, voilà la nouvelle dimension. Voilà l'espace illimité et la vérité des structures. L'art, c'est l'aspect plastique de la communauté".