Les "Légèrement poivrées" de Witold Pyzik à voir absolument au Vieux Nice jusqu'au13 août 2023.
Présentation de l'exposition
Saisir l’insaisissable
L’œuvre de Witold Pyzik est changeante, mouvementée, et il faudra commencer par la figure qui réapparaît inlassablement : la figure féminine. C’est une femme aux traits imprécis et aux formes rayonnantes, à la fois inaccessible et palpable, tantôt transparente et tantôt gorgée de lumière, changeante, mouvementée.
Les contraires qui se stimulent
Mais c’est alors que l’on se heurte à la matière du support : celui-ci rechigne à se laisser recouvrir, à laisser l’image le dominer. Lattes de bois irrégulières et râpées, rouleaux de papier kraft et de plastique translucides, tous ces supports qu’utilise Witold Pyzik ne supportent pas qu’on les oublie, et résistent. La femme de Pyzik est donc toujours, malgré sa pose heureuse et sûre, voire insouciante, en lutte avec ce fond qui se fait voir, ce fond qui lui, reste hétérogène.
Ainsi arrive-t-on à une succession de perceptions de la peinture de Witold Pyzik. D’une image bien ancrée là, bien gravée dans le bois et débordant de couleurs affirmatives nait une image sans cesse remise en question par les aspérités du support, les coups de pinceau et les coulures de l’encre. Et c’est encore une autre image qu’il revient au spectateur de reconstruire.
Les paradoxes si grisants…
Et c’est ainsi que sont les femmes de Witold Pyzik : leur charme réside dans ce caractère inaccessible, dans cette image qui oscille entre la décomposition de la forme en lutte avec le support et l’affirmation de la forme par la force des couleurs et des lignes.
Les femmes peintes par Witold Pyzik naissent de cet effet d’optique où la forme et le fonds s’attirent et se repoussent, luttent puis s’épousent.
Voir l’invisible
Si elles peuvent nous échapper, c’est sans amertume. A peine serait-ce de l’acidité, celle de leurs couleurs, franches et fruitées. Elles rappellent les Vénus classiques, les odalisques dont les formes suscitent le rêve.
Car le spectateur rencontre, encore et toujours, cette matière qui les efface, ces coulures d’encre qui emportent ce que l’on croyait voir, ces hachures qui les font trembler comme un reflet. Puisqu’elles s’enfuient dans le flou ou l’ébauche, elles restent un inépuisable objet de désir, d’émerveillement et d’agacement