AGENDA
Exposition
Gratuit
Peinture

Grobety Claude Grobéty

-
Vernissage
jeu 29 fév 1968, 19:00

Galerie Jeanne Castel
3 rue du Cirque
75008 Paris
France

Comment s'y rendre ?

Pour son exposition de printemps, la galerie Jeanne Castel accueille les oeuvres de Claude Grobéty.

Ses peintures, d'apparence abstraite, conservent un lien avec la figuration : Femme des bois près du tronc d'arbre / L'Homme à la piper / Buste au Rhododendron / Couple avec l'homme divisé / La Dactylographe / Le Petit Emballage défait / La Bouteille de Champagne / Occupation du couple par lui-même / La Sainte convoite une auréole / Le Péché Originel.

La Nouvelle Revue Française se fait l'écho de l'exposition dès le 1 mai 1968 :

"Il y eut bien des peintres à la mode dont nous avons perdu le souvenir. Ce phénomène global de la mode, qui obscurcit la clairvoyance des contemporains, atteint à un paroxysme. Tandis que la surenchère se poursuit, l'œuvre de Grobéty se fait jour et retient l'attention. Reliée à la tradition, elle éclate cependant avec une présence, une vie, une ampleur singulières.

Après tant de nuages, tant de pauvres facéties, voila qu'un peintre ose de nouveau exister avec une sorte de magnificence.



Sans mécanique ni torture pour nerf optique, voilà une œuvre faite de rythme, de couleur et de forme.

A des amateurs d'étiquettes Grobéty avait nommé sa peinture « Descriptisme ». Décrire, en effet, lui sert de mobile premier. Mobile moyenâgeux pourrait-on dire; mais le renouveau est une roue qui tourne sans fin; à moins qu'il ne soit comme le balancement éternel entre flux et reflux: ligne qui fixe, construit, espace qui respire et dissout. Grobéty appartient au premier mouvement, celui du plein, celui du flux, celui qui avance depuis l'ancienneté des temps. Il renoue avec la conception primitive, il conte par l'image et il édifie ses visions avec une poigne de maître d'œuvre - contes, mais prétextes aussi en piment de l'humour. Parfois la futilité des thèmes employés en regard du faste de leur réalisation dissimule mal un sourire intérieur, une jubilation quelque peu diabolique. En cela Grobéty appartient bien à son temps qui n'est plus celui de la croyance.

Ce côté caustique que l'on pourrait appeler l'esprit de révolte s'exprime aussi en agressivité des formes. Mais la véritable réalité de cette peinture s'appuie sur la force de la composition, le plus souvent globale, classique, situant le sujet au centre du tableau. Un espace entièrement comblé, qui ne comporte guère de surface de repos, approcherait cette démarche du Cubisme si l'élan qui l'anime ne l'en tenait hardiment éloignée.

Cet art en constante évolution opère une inversion dans la recherche de l'espace en profondeur. Le sujet de plus en plus figuratif s'enfonce à l'arrière-plan du tableau, tandis que des signes abstraits ou figuratifs en occupent le premier plan : Le Péché Originel, La Sainte convoite une Auréole.

La peinture de Grobéty n'est pas un art de séduction, c'est un art orgueilleux et impératif, un art d'invention : intelligence d'Occident, splendeur orientale subjuguent ou repoussent avec vigueur, avec tant de vigueur même qu'elle est promesse de durée.

R. R