Maison de la Culture d'Amiens
Exposition
Gratuit
Sculpture

Isabelle Waldberg Isabelle Waldberg

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Maison de la culture d'Amiens
2 place Léon Gontier
80000 Amiens
France

Comment s'y rendre ?

Ce qui m'a donné envie de devenir sculpteur ?.. Le hasard de la matière, c'est assez étrange, la manière par laquelle on peut recommencer. Un jour j'ai eu de la terre glaise entrer les mains, par hasard. Au début, j'ai travaillé chez un sculpteur en Suisse, pendant deux ans. Puis j'ai eu une bourse et je suis venue à Paris. Là, j'ai travaillé dans les académies. J'ai été élève de Gimond et d'autres.

Un peu plus tard, je suis arrivée aux Etats Unis et je me suis mise à faire des objets. Des objets, c'était le terme surréaliste pour désigner la sculpture. En réalité, il s'agissait de constructions faites de tiges de hêtre souple, de formes qui délimitaient des volumes idéaux. L'air qui circule à l'intérieur des objets, c'était à cette époque la chose la plus importante pour moi. Je voulais échapper à la matière. Ces objets étaient une expression de ma volonté de liberté.

... Puis-je le dire ? La durée de la guerre à New York a été pour moi une époque merveilleuse. Atelier somptueux. Facilité matérielle. Et l'on s'intéressait à tant de choses. La vraie guerre était loin. On vivait allègrement, en sécurité... J'ai fait des expositions aux USA à près tout le temps : expositions personnelles, expositions de groupes. Pourtant j'ai quitté New York, le superbe atelier, et tout, sans regrets.

... A mon retour à Paris, j'ai continué à travailler de la même manière, puis j'ai commencé à utiliser le plâtre... pour ne pas exploiter un filon, une chose déjà trouvée. C'était pour faire "autre chose", pour revenir au "visible".

... La plupart des sculpteurs qui m'ont impressionnée ne sont pas contemporains. Les oeuvres de la sculpture esquimaude, celle de la Nouvelle-Guinée... Tout ce qui est du genre de construction avec beaucoup de vide m'a toujours impressionné. Mais mon changement de matériau après mon retour en France, a dû correspondre aussi à mon changement de vie. L'ambiance n'était plus la même...

Le plâtre, utilisé de préférence au bois ou au fer, c'est un retour aux sources, un retour à l'enfance. L'odeur du bâtiment en construction, qui m'excitait quand j'étais enfant. Cette odeur de plâtre, de mortier, je la retrouve là. De plus, je peux déterminer le plâtre, du début jusqu'à la fin. Il a d'infinies possibilités de forme. Il y a plus de différences d'un plâtre à l'autre que d'une construction de bois à l'autre. Je ne me sers ni du bois, ni de la pierre parce que j'aime partir du vide.

Il y a deux genres de sculpteurs : ceux qui bâtissent dans le vide ou dans le rien, et ceux qui attaquent, qui enlèvent. Ainsi ceux qui travaillent la pierre et le bois. Ils creusent. Ils satisfont un instinct d'agressivité. Ils ne peuvent rien ajouter.

... En ce qui concerne certaines sculptures modernes, électro-magnétiques par exemple, il faudrait demander aux scientifiques ce qu'ils en pensent. Il y a toute la science actuelle que l'on ne connaît pas. Mais il y a la question de l'humain qui est toujours première : je veux dire du spirituel. Or, la sculpture n'est affaire d'abord ni de technique, ni de matière, mais avant tout d'esprit et de pensée.

... Je suis contre le fait que l'on intègre la sculpture à l'acrhitecture. J'ai une passion pour l'architecture. C'est l'une des choses qui me touchent le plus. Mais la collaboration entre architectes et sculpteurs, faire une sculpture exprès pour l'architecture, cela ne m'intéresse pas. Je suis contre l'art décoratif.

Isabelle Waldberg. Entretien avec Luce Hoctin. Cf L'Oeil, Juillet -Août 1962

Oeuvres présentées
Le Toit (bronze) - 1959