Benjamin Swaim, L'Arbre, 2023 - 2024, Huile sur toile, 81 x 65 cm
Benjamin Swaim, L'Arbre, 2023 - 2024, Huile sur toile, 81 x 65 cm © ADAGP, Paris, 2024. Photo : Adrien Thibault
Exposition
Gratuit
Huile

La nuit qui nous forme Benjamin Swaim

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Vernissage
jeu 14 Mar 2024, 18:00

Galerie Virginie Louvet
34, rue de Penthièvre
75008 Paris
France

Comment s'y rendre ?

Première exposition monographique de l'artiste franco-américain Benjamin Swaim à la galerie. 

Commissariat : Agnès Biro 

 

Communiqué de presse

 

« Dans le miroir, je me vois là où je ne suis pas, dans un espace irréel qui s’ouvre virtuellement derrière la surface; je suis là-bas, là où je ne suis pas, une sorte d’ombre qui me donne à moi-même ma propre visibilité qui me permet de regarder là où je suis absent. »

Michel Foucault, Des espaces autres, 1967

 

Ce qui intrigue dans les peintures de Benjamin Swaim c’est que, pourtant inspirées de dessins faits sur le motif, celles-ci ne cherchent pas à tout prix à représenter le réel mais plutôt à produire une lumière singulière à l’intérieur de scènes le plus souvent nocturnes et oniriques. Dans la lignée du fauvisme, Swaim utilise les couleurs pures pour intensifier la représentation. Seulement, ici, les contrastes colorés produisent une altération des lieux et des figures qui s’étrangent au point de situer la pratique de Benjamin Swaim au croisement entre les paysages expressionnistes d’Edvard Munch et les représentations figuratives emplies de solitude d’Edward Hopper. À travers cette série de paysages de nuit et de nus féminins, il nous entraîne avec lui dans un lieu «autre», à la fois physique et psychique.

 

En 1967, le philosophe français Michel Foucault introduit l’hétérotopie comme un espace physique de l’utopie (représentation idéalisée de la réalité), un endroit enclavé qui héberge l’imaginaire et dans lequel notre rapport au temps n’est plus le même. Cabanes d’enfants, théâtres, écrans de cinéma et jardins sont autant de lieux qu’il présente comme tels. Ces endroits bien réels ont la caractéristique d’accueillir pourtant sur un même espace plusieurs récits entremêlés.

 

À supposer que nous rêvions, c’est bien souvent la nuit que nous laissons libre cours à notre imagination. Cauchemars, rêves éveillés et insomnies, la nuit exerce son emprise sur notre capacité à discerner la réalité. Dans les tableaux de Benjamin Swaim, les aplats de rouge vermillon sont stridents, les mauves sont si intenses que l’on ne sait pas toujours si la scène est inquiétante ou attendrissante. Le regard vide, la pose lascive que prend la femme allongée dans son bain est-elle une invitation à la rejoindre, ou au contraire, semble-t-elle placer le spectateur dans la posture d’un voyeur qui viendrait la surprendre dans un moment d’intimité ?

 

Dans une conférence de mars 1967, Foucault rapproche le miroir et l’ombre — deux éléments bien présents dans le travail de Swaim — en les définissant comme une façon d’exister en dehors de soi-même et de regarder là où le moi est en réalité absent. C’est peut-être cela que Benjamin Swaim essaye de représenter : le regard d’un homme sur une femme qu’il aime sans jamais vraiment pouvoir abolir la distance où elle se tient ; un paysage où s’inscrit un sentiment d’une puissante nostalgie.

 

In fine, l’accrochage que nous vous présentons évoque ceci : la nuit, sa façon d’obstruer la vision et de révéler les contours, son calme tantôt apaisant, tantôt angoissant, mais surtout la nuit comme un espace hétérotopique où se dessinent, à travers un jeu d’ombres et de lumières incandescentes, toutes sortes de fantasmes et d’illusions.

 

Benjamin Swaim est un artiste franco-américain, né en 1970 à Paris où il vit et travaille.

 

Les peintures présentes dans cette exposition ont été réalisées grâce à l’aide à la production de la Fondation des artistes. Benjamin Swaim est le lauréat 2024 du Prix Michel Nessim Boukris ; il a collaboré pendant plus de dix ans avec la galerie Jean Brolly et son travail a fait l’objet d’expositions personnelles aux Bains Douches d’Alençon (2022), au Palais de Tokyo (2010), à La Maison Rouge — Fondation Antoine de Galbert (2007) et de plusieurs expositions collectives à l’étranger. Ses œuvres sont présentes dans les collections du Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris, du Fonds d’art contemporain — Paris Collections et du Fonds national d’art contemporain ainsi que dans les collections des Frac Alsace, Limousin et Poitou-Charentes.