Image : Clément Borderie, Toile produite par la matrice Cuve, été-automne 2018, Ivry-sur-Seine, ⌀ 120 cm
Image : Clément Borderie, Toile produite par la matrice Cuve, été-automne 2018, Ivry-sur-Seine, ⌀ 120 cm
Exposition
Gratuit
Sculpture

Trois, quatre. Clément Borderie, Victoire Inchauspé, Julia Rometti

-
Vernissage
jeu 16 mai 2024, 16:00

Galerie Jousse Entreprise
6 rue Saint-Claude
75003 Paris
France

Comment s'y rendre ?

Trois, quatre.

Clément Borderie Victoire Inchauspé Julia Rometti

Trois c’est le rythme ternaire du dissonant, du désordre, de l’accélération. 
À ces mots, les artistes ne répondent pas.
Rien ne crispe, pas de violence en apparence.
Il fallut donc un quatuor du temps rond, du temps long.
Le chiffre quatre est lié par équilibre, il impose la souplesse et les saisons. 
Finalement ne dit-on pas trois, quatre avant le premier battement de chœur.

Une quatrième interprète est l’invitée naturelle de l’exposition, 
elle est les racines des œuvres et la substance les enlaçant. 
Clément, Julia, Victoire et Atmosphère.
Quatre êtres qui accrochent la mesure sur le temps.
Ainsi au premier plan,
les vivant·es dans toutes leurs matières.

 

En transaction muette avec les paysages 
Clément Borderie constate sans juger 
l’absorption discrète des années
    qui crachent leurs âges sur les stores de vitrines
    ou déposent leurs empreintes sur des matrices dociles. 
Il attendra le temps qu’il faut,
    celui qui nous dépasse et nous fait défaut 
    celui qui nous défait de toutes nos certitudes.

La lumière parfois s’invite
    par les vitres identiques en proportions
aux toiles de Julia Rometti.
Derrière l’aplat immobile de sable et d’os, les arêtes fuient en reflets. 
Devant, les coquillages remontent à la surface de plusieurs millénaires 
quand Paris était océan et l’océan seul sur Terre.
Pièce par pièce, pierre par pierre,
les œuvres sont louées à l’anonymat des ancêtres : chairs terres mers.

Pour protéger les fondations,
des vœux sont fondus dans les chardons.
Les sculptures de Victoire Inchauspé sont mordues
    de fragiles existences et de fortes mues
comme un mimosa pétrifié en attente du printemps,
comme un cerf sidéré sans ses bois à l’hiver,
comme toute vie qui s’exécute dans une poignée de poussière.

Atmosphère décroche sa première note. Une blanche        sur béton gris. 
Une lumière incandescente et un silence en faux-ami
      moteurs, pas, éclats de voix,
qui fredonnent par fragments la complainte de Paris.
Atmosphère suspend les ombres qui font exister par décrochement, 
les œuvres, les corps et les sentiments.

La mélodie commune est au diapason.

                                                      Trois, quatre.

Anne Bourrassé, 2024