3e édition du Festival Artocène : Le Vide comme repère
Du 10 juin au 23 juillet 2023, sur le site iconique de Chamonix-Mont-Blanc, le festival Artocène entrecroise depuis 2021 architecture et art contemporain pour répondre à des thématiques du paysage alpin, emblématique d’une nature fragile et mouvante. Pour sa nouvelle édition, le festival Artocène explorera la thématique « Le Vide comme repère » et réunira une vingtaine d’artistes et d’architectes. Le physicien et philosophe Étienne Klein a été désigné conseiller scientifique du festival.
Artocène désignerait étymologiquement « l’ère de l’art ». Il entend proposer un contrepoint au terme « Anthropocène », définissant la nouvelle ère géologique dans laquelle nous sommes entrés, marquée par l’activité humaine. Le festival vise à montrer en quoi l’art et la culture peuvent non seulement sensibiliser nos contemporains aux enjeux environnementaux que nous rencontrons, mais aussi suggérer des alternatives. Le terme Artocène fait également allusion à la notion de partage autour de l’art - cène signifiant « repas », afin de créer un dialogue avec les communautés locales, régionales et internationales.
L’édition 2023 du festival Artocène aura pour thème le Vide. Ce terme polysémique, ouvert à de très multiples interprétations, qui désigne a priori ce qui fait défaut, se dérobe ou est impalpable, passionne depuis toujours philosophes et physiciens. Afin de faire écho à l’environnement magistral de Chamonix et en particulier à son amplitude altitudinale exceptionnelle, c’est naturellement la dimension physique du vide qui sera le point de départ de cette édition.
Pour certains, la vallée est le lieu de représentation concrète du vide terrestre. En parcourant ses flancs, le vide s’appréhende vu d’en bas, puis vu d’en haut. L’ascension permet de se confronter à un changement d’échelle. L’espace « vide » - s’étendant au-dessous de nos pieds et au-dessus de nos têtes - constitue un espace changeant et conduisant souvent à une perte d’orientation.
Penser le vide en montagne confronte immédiatement aux questions d’extrême verticalité, de péril et de vertige : la verticalité des parois allant de pair avec la gravité dès lors qu’il y a élévation, il y a le risque de chuter. Danger et peur accompagnent les explorateurs du vide bien que souvent cette menace de tomber produit une poussée d’adrénaline à la dimension presque créatrice ; le vide étant, comme l’ont depuis longtemps théorisé les philosophies orientales, un des aspects de la matière, le milieu dans lequel les choses peuvent survenir, voire l’origine de la création.
L’édition 2023 se déclinera à travers un parcours de huit expositions sur près de 2 000 m2d’espaces en centre-ville avec un lieu désigné, le Musée Alpin, pour l’exposition principale. L’espace sera modelé en collaboration avec la scénographe Charlotte Richard, qui a collaboré avec la Fondation Cartier et le Palais de Tokyo. L’exposition se déroulera en trois volets : « Verticalité », « Vertige et chute » et « Le vide comme matrice ».
En parallèle de l’exposition principale, d’autres expositions seront présentées dans un parcours à travers la ville : le prototype du Musée sans bâtiment de Yona Friedman prendra place dans le centre-ville, la bibliothèque de la ville accueillera une exposition d’archives sur l’architecture de Yona Friedman, l’hôtel Les Gourmets présentera une vidéo de l’artiste Capucine Vever, des peintures de l’artiste Solène Ortoli seront dévoilées à la librairie Landru, l’hôtel La Folie Douce accueillera une installation d’Ulla von Brandenburg en intérieur et une installation de Bea Bonafini en extérieur, la librairie Sauvage exposera une oeuvre sonore de Charlotte Charbonnel, et des photographies de l’artiste Thomas Mailaender seront présentées en centre-ville.
Près de dix oeuvres présentées au cours de cette nouvelle édition sont produites in situ en écho à la vallée de Chamonix par les artistes Ulla von Brandenburg, Bea Bonafini, Clément Richem, Kris Martin, Alexandra Leykauf, Célia Gondol, Pakui Hardware, Marlon de Azambuja, Alice Bandini.
Les artistes et architectes présentés lors de cette troisième édition :
Dove Allouche
Joan Ayrton
Marlon de Azambuja
Alice Bandini
Bea Bonafini
Ulla von Brandenburg
Charlotte Charbonnel
Marie Cool Fabio Balducci
Célia Gondol
Pakui Hardware
Theo Krief
Guillaume Leblon
Alexandra Leykauf
Thomas Mailaender
Angelika Markul
Kris Martin
Wilfrid Moser
Solène Ortoli
Rastislav Podob
Antoine Renard
Clément Richem
Georgia Russell
Dorian Sari
Edgar Sarin
Céline Struger
Capucine Vever
Yona Friedman
Le festival Artocène 2023 sera par ailleurs ponctué de temps forts : des performances artistiques, des conférences, des rencontres, une soirée de projection de vidéos d’artistes, des expériences immersives autour du vide et autres événements.
Artocène poursuit sa politique de démocratisation de l’art contemporain , en organisant une médiation constante, de nombreuses visites guidées, des visites de scolaires et de centres aérés, des ateliers d’arts plastiques pour enfants.
Pour la première fois, dans le cadre d’un partenariat avec le Club Alpin Français (FFCAM) deux artistes, Ulla von Brandenburg et Bea Bonafini, ont été accueillies cette année, au mois d’avril, pour un séjour d’immersion dans un des refuges de la vallée de Chamonix : le Refuge du Tour. Ce temps d’observation et de réflexion sera suivi d’un temps de restitution, durant lequel les artistes produiront des oeuvres en lien avec la thématique du vide, oeuvres qui seront ensuite présentées dans le cadre du festival.
Pour l’édition 2023, Étienne Klein physicien, directeur de recherches au CEA et philosophe a été désigné conseiller scientifique. Il est notamment professeur à l’Ecole Centrale de Paris et dirige le Laboratoire de Recherche sur les Sciences de la Matière du CEA (LARSIM). Sur France Culture, il est producteur de l’émission Sciences en question.
« Le vide, dit-on ordinairement, est ce qui reste après qu’on a tout enlevé. Mais si l’on retirait absolument tout, il ne resterait plus rien... du tout. »
— Étienne Klein, conseiller scientifique de l’édition 2023 d’Artocène