Maria Bang Espersen. Photo MBE
Exposition
Gratuit

Blazing Grace Exposition collective

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Institut Suédois
11 rue Payenne
75003 Paris
France

Comment s'y rendre ?

Dans une filiation critique du mouvement Swedish Grace, l’artiste et commissaire d’exposition Markus Emilsson invite, du 4 au 21 septembre à l'Institut Suédois, cinq des artistes verriers suédois les plus éminents pour une exposition débridée, sauvage, haute en couleurs. Maria Bang Espersen, Hanna Hansdotter, Peter Hermansson, Fredrik Nielsen et Kirsten Vikingstad Hermansson développent, chacun·e à sa façon, de nouveaux langages esthétiques qu’ils répandent partout dans le monde. Ils·elles ont en commun une passion pour le savoir-faire artisanal et une volonté profonde de contribuer au renouvellement de l’art verrier.

 

L’art verrier suédois possède une longue et riche histoire, entre innovations et traditions, prestige et simplicité, prospérité et déclin. 100 ans après la percée du mouvement Swedish Grace, il entre dans une nouvelle ère. Une génération d’artistes audacieux·ses remettent en question les traditions établies et les approches conventionnelles, et célèbrent les formes, les couleurs, le désir. 

 

Swedish Grace & design scandinave (un peu d’histoire…) 
 

Le 20e siècle marque l’âge d’or du style et du design suédois. Comme souvent, de nombreux facteurs influencent ce phénomène, mais principalement l’action de l’association suédoise de l’artisanat (Svensk Slöjdförening). Dans les années 1910, elle lance le concept de «beaux objets du quotidien» (vackrare vardagsvara), qui a caractérisé le design suédois pendant longtemps. Peter Hermansson. 
 

Cette vision de la « beauté pour tous » et de la « beauté au quotidien » a contribué à façonner l’image personnelle du peuple suédois, mais aussi la perception internationale du goût et de l’identité suédois∙es. Il s’agissait d’embellir le foyer par un design fonctionnel et épuré, à prix abordable. Cette esthétique quotidienne était censée éduquer la population aux valeurs artistiques et favoriser une élévation intellectuelle par les sens. 
 

À travers une série d’expositions nationales et internationales, le concept de beaux objets pour le quotidien se développe, menant à une percée internationale de l’artisanat et de l’art industriel suédois lors de l’exposition universelle de Paris en 1925. À cette occasion, la porcelaine suédoise de Rörstrand et Gustavsberg, les textiles signés Märta Måås-Fjetterström, les objets en étain d’Estrid Ericson et surtout le verre suédois d’Orrefors sont salués. 
 

Pour l’industrie verrière suédoise, ce succès entraîne une hausse des exportations et une renommée internationale autour du bon goût, de l’élégance et de la qualité. Ce style est baptisé Swedish Grace. L’exposition universelle de New York en 1939 voit émerger le concept de Swedish Modern. Grâce à une collaboration étroite entre artistes et fabricants, des objets du quotidien de haute qualité sont désormais accessibles à tous∙tes. L’esthétique suédoise est vendue et exportée comme étant simple, légère, lumineuse, accueillante et saine. Scandinavian Design, à partir des années 1950, en est une extension.

 

Vers un nouvel écosystème 
 

La Suède possède une longue et fière tradition de production verrière. La première verrerie a été fondée au milieu du 17e siècle, et la verrerie de Kosta, toujours en activité, a été établie dès 1742. C’est principalement dans la région sud-est du Småland, au sud de la Suède, que l’industrie du verre a été forte, grâce à l’abondance de forêts nécessaires pour alimenter les fours, bien avant l’arrivée du gaz et de l’électricité. 
 

Au fil des siècles, le Småland a gagné l’appellation de « royaume du verre » (Glasriket), voyant apparaître et disparaître de nombreuses verreries. Mais de grands bouleversements ont marqué ces quinze dernières années. L’industrie verrière a considérablement diminué, la production se délocalisant dans des pays à bas salaires. Plusieurs des verreries les plus renommées ont fermé, comme Åfors et Orrefors en 2013. 
 

Dans le sillage de cette industrie vacillante, un nouvel écosystème a émergé. De petites verreries indépendantes, bien équipées, adaptées à la production artistique ainsi qu’à de petites séries de design, se sont établies. Les artistes peuvent y louer un atelier pour produire leurs propres œuvres. Du personnel qualifié est disponible pour les assister. Ce processus de démocratisation et cette accessibilité accrue ont fondamentalement transformé le domaine verrier suédois. 
 

Sortir des attentes industrielles de productivité a généré une richesse d’expressions inédite. Dans l’industrie, le verre est considéré comme un matériau de production rentable, traité en gros volumes. Dans le domaine artistique, le verre est un moyen d’explorer, de discuter et de décrire le monde. 
 

Des expressions et récits alternatifs émergent grâce à un réseau d’individus curieux, passionnés et persévérants, qui inventent de nouvelles techniques artisanales. Parfois, le résultat se présente sous forme d’installations artistiques ou d’objets uniques, d’autres fois sous forme de productions à petite échelle d’objets utilitaires. Voilà un écosystème où cohabitent le sauvage, le beau, le strict, le ludique, le simple et le complexe. 
 

Les artistes participant à l’exposition capturent et mettent en lumière ce changement de paradigme.