Dans la nuit des formes
Dans la nuit des formes
Artiste: ZHOU Meng
Curateur: Henri Guette
Vernissage: le 2 mai 2025 à partir de 18h
Exposition
Gratuit
Peinture
Sculpture

Dans la nuit des formes ZHOU Meng

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Vernissage
ven 2 mai 2025, 18:00

espacetemps
98 rue Quincampoix, 75003 Paris
75003 Paris
France

Comment s'y rendre ?

Dans la nuit des formes

 

Les dessins semblent s’animer dans le noir. Un pas après l’autre, on entre dans la nuit, on s’enfonce dans la galerie où se plient géographie et chronologie. Les œuvres se fondent dans les murs comme des gestes immémoriaux. On ignore bien des choses de la préhistoire, cette période si longue d’avant l’écriture. La simple grotte de Chauvet condense à elle seule, entre la première antichambre et la chambre la plus profonde, plusieurs millénaires. Ce vertige se double encore quand d’un continent à l’autre certains motifs se dédoublent.

 

Les œuvres de ZHOU Meng semblent appartenir à une époque lointaine qui est en même temps extrêmement contemporaine, un là-bas si proche d’ici. Elles entretiennent des questions jamais élucidées. Quel pouvait bien être le rôle de la peinture pariétale ? Qui étaient donc, homme ou femme, ces peintres et quels rituels entouraient donc leurs pratiques ? L’artiste entretient un doute en dessinant des figures à la fois extrêmement simples et très caractéristiques sur des supports qui tantôt rappellent la pierre, tantôt sont de véritables météorites. Ses figures semblent danser avec les étoiles et la part de récit prend le pas sur la recherche de véracité.

 

Dans ce mouvement qu’il retranscrit, il rejoue le trouble qui vient la première fois que l’on se rend compte de la petitesse de l’humain dans le cosmos. Le chercheur Edward Wachtel émettait l’hypothèse, dans son essai “The First Picture Show”, qu’il se jouait dans les grottes peut-être la première forme de cinéma. Les gestes pour projeter la peinture, dessiner des figures avec de la cendre à la lumière du feu étaient des gestes d’animation. La peinture vibrait et se mouvait en même temps qu’on la recouvrait. Meng Zhou cherche avec la répétition et la variation tout ce qui se joue dans le premier geste. Ses œuvres ont ainsi la forme, dans la nuit, de tout ce qui n’a pas de réponse.

 

La curiosité est sans doute le premier moteur de l’artiste. Pourquoi au fond y-a-t-il quelque chose plutôt que rien ? Et dans ce quelque chose, cette vie qui grouille, des êtres humains ? Cette façon de diriger les questions participe d’un sens de l’émerveillement, d’une enfance de l’art qui de Matisse à Picasso en passant par Klee a porté toutes les recherches de l’art moderne. Par delà nature et culture, ZHOU Meng donne à sentir par des formes, des lignes, les fluides, énergies et puissances invisibles que les mythes ont cherché à cerner, identifier.

 

La reprise de fragments que l’on peut assimiler à des cultures anciennes ou à des fossiles permet une métamorphose continue, la reformulation d’un récit du temps, l’affirmation d’un cycle d’une pierre à la pierre (From a Stone to the Stone). L’artiste travaille aussi bien avec des techniques traditionnelles qu’avec les technologies les plus récentes. Ses gestes qui touchent parfois à la restauration, parfois à l’inscription, souvent à l’assemblage entrent dans une compréhension de la matière qui se nourrit d’accidents et de sérendipité. Chaque pièce raconte une part d’histoire différente et la façon dont l’artiste pense à leur exposition n’est pas loin de la constellation et même de jour, elles nous accompagnent.

 

 

Texte par Henri Guette