The Plunge, 2023, 205 x 160 x 160 cm (80,7 x 63 x 63 in)
Rapier replica, Parasol (silver-grey). Edition of 2
Courtesy Espace Meyer Zafra & Artist. Photo: Ludger Baffrath
Douces Cruautés Lena Marie Emrich
Espace Meyer Zafra a le plaisir de consacrer à l’artiste allemande Lena Marie Emrich sa première exposition personnelle à la galerie, intitulée Douces Cruautés. Du 24 avril au 18 mai 2024, l’exposition réunira des œuvres telles que The Gossip Chair No.3 et The Plunge, ainsi qu’une nouvelle série d’œuvres mêlant photographie et pierre artificielle, émanant des contrôles de sécurité des aéroports, illustrant ainsi le pouvoir de la douceur dans l’interaction humaine et le mouvement qu’elle crée dans l’imagination du spectateur.
Lena Marie Emrich est sculptrice. En 2020, elle a remporté le Toy Award décerné par la Berlin Masters Foundation. Pour 2021/2022, elle a reçu le prix d’art du Kunstverein Hannover. En 2023, elle a reçu la bourse NeuStartPlus de la Stiftung Kunstfonds pour la Résidence d’arts visuels à la Fondation Boghossian. À travers la création de chacune de ses séries, elle explore de nouvelles techniques, de nouveaux matériaux et combine systématiquement des éléments ancestraux ou artisanaux avec des indicateurs modernes de notre époque. Dans sa dernière série, Emrich consacre son travail à la marqueterie numérique produite de manière industrielle et réalisée par le toucher humain. Lena Marie Emrich utilise de la pierre acrylique naturelle, un matériau qui ressemble au marbre mais qui est produit synthétiquement.
Pour Douces Cruautés, Emrich crée un certain nombre de nouvelles œuvres. The Strategic Game illustre une femme apparemment calme, poussant un voilier, P’tits Voiliers, dans le Parc du Luxembourg ; en regardant de plus près la marqueterie, le spectateur peut découvrir un livre de Grégory Salles sortant sans effort de sa poche. La série Pat Down s’engage dans des contrôles de sécurité intimidants et féroces, une nécessité construite en période d’incertitude. Les œuvres mettent en scène des femmes emblématiques qui font ressortir la féminité et donc la douceur, comme Rihanna et Kim Kardashian, mais ce qui est mis en valeur ici n’est pas seulement la force de représentation de quelque chose de délicat, mais aussi le concept de puissance et de vulnérabilité. Dans le plexiglas teinté multicouche, on retrouve des traces d’empreintes digitales caressant leurs lignes de contour. À l’inverse, dans Hugging Raincoats, deux corps sont enveloppés dans des ponchos de pluie, proches l’un de l’autre. On devine sur l’image et depuis l’angle de la caméra qu’ils se trouvent dans un espace public où les ponchos leur assurent une certaine protection et sécurité.
L’exposition crée un espace épuré dans lequel le spectateur peut habiter. La Gossip Chair No.3 ressemble à un véritable espace que le spectateur peut habiter et simultanément à un espace de projection imaginative. Dans The Plunge, on rencontre un objet fusionné à partir d’un parasol de plage et d’une épée, où le poteau se transforme en une garde croisée prononcée puis en une lame. La lecture de cette œuvre ne repose pas tant sur la combinaison de deux objets dissemblables mais prend son sens en désignant ce qui manque clairement aux deux objets : un corps. Un parapluie devient un simulacre de bouclier lorsqu’il est placé à côté d’une épée, et les deux objets, simulacres ou non, renvoient à sa fonction principale, à savoir protéger le corps humain, ramenant là encore à la notion de sécurité.
Lorsqu’on visualise la notion de corps, la question du contrôle et du pouvoir est sans aucun doute la principale préoccupation. Ces préoccupations sont bien représentées dans Phallocentric Keychain où une main féminine est représentée tenant un porte-clés avec quelques miniatures de bâtiments emblématiques, la Tour Eiffel, le Chrysler Building, la Tour de Pise, très probablement récupérées dans une boutique de souvenirs d’un aéroport. Dans cette image, ils sont fermement sous le contrôle des femmes, suspendus, pendants et transformés en miniatures.
Cette exposition parisienne printanière incarnera l’équilibre entre la beauté éthérée et la forte énergie, toutes deux trouvées dans l’aspect physique des pièces, non seulement à travers les matériaux, mais aussi dans les illustrations et les histoires créées dans l’imagination du spectateur. La dualité entre puissance et douceur réside en permanence dans les pièces puisque les illustrations sont essentiellement gravées dans le marbre.