ÉCLATS Henri FOUCAULT
L’espace d’une galerie peut-il accueillir des récits et un accrochage assumer les fonctions d’une narration ? Si les portraits se prêtent à la mise en récit, les visages et les physionomies stimulant l’imagination et invitant à l’affabulation romanesque, des propositions plastiques abstraites peuvent-elles engendrer de la fiction ? Ou au moins en être la promesse ?
C’est ce que tente Henri Foucault, lecteur gourmand de romans, connaisseur avisé de cinéma et sculpteur en photographie. Sculpteur travaillant des matériaux dont les effets optiques et constructifs naissent de la projection de la lumière sur une émulsion sensible. Les images que fabrique Henri Foucault sont abstraites, fréquemment. Mais elles ne l’ont pas toujours été comme en témoigne l’étude de leur processus de réalisation. Elles oscillent parfois, prises entre le souvenir de la figure humaine et la tension de ce devenir abstrait.
Le scintillement des têtes d’épingles, variant avec l’éclairage, compense cette planéité. Selon les mêmes procédés, les Chevelures se dissolvent, au bord de l’abstraction. Au fil du parcours de cette exposition intitulée Éclats, les silhouettes humaines deviennent incertaines, les ombres humaines moirées qui accueillent les visiteurs s’évanouissent jusqu’aux lignes minimalistes de Deep blue et Paravent, traces sinueuses telles des algues ondoyant dans les remous de l’eau.
Ces évanescences constitueraient-elles un récit, celui condensé du destin abstrait des formes humaines ? N’est-ce pas l’ambition générale des artistes depuis le début du 20e siècle, du symbolisme décoratif à l’épure néo-plastique ?
Au terme de la visite, l’Apparition favorise le retour fantomatique des contours du corps, dans un dispositif presque forain qui évoque les trains fantôme de l’enfance.
DOMINIQUE PAÏNI