Errances éphémères LAMIEL
« C’est cet effort d’absence volontaire, de déracinement voulu, de distanciation active par rapport
à son milieu qui parait toujours naturel, c’est donc cette manière de s’éloigner de soi-même -
ne serait-ce que momentanément et provisoirement - de se séparer du natal, du national et ce qui, plus généralement, le fixe dans une étroitesse identitaire, c’est cela et surtout cela que j’appellerai errance. »
Akira Mizubayashi
Comme les surréalistes classiques au début du siècle dernier, Lamiel hante les marchés aux puces, brocantes et bon nombre de vide- grenier espérant la « rencontre fortuite » appropriée.
Ce qui était peut être considéré comme une matière morte est alors récupérée afin de lui donner un nouvelle existence et une nouvelle vitalité devenant de vrais parchemins de vie qui combinent le passé et le présent .
Récupérer : reprendre possession.
L’artisan chez elle conçut sa technique, l’artiste épura sa palette de teintes subtiles qui évoque l’empreinte du temps .
Lamiel passe du hasard de ses trouvailles à sa nécessité de peintre.
Technique et matériaux mises à part, c'est dans l'impact émotionnel et sentimental de ses créations artistiques que la véritable singularité de Lamiel réside.
Rarement une telle simplicité a été transformée en des images sublimes, véritablement envoûtantes qui transmettent le calme et l'harmonie.
C'est un art qui exsude la chaleur .
En effet, il réchauffe littéralement le cœur . En regardant son travail, en l'étudiant on ne peut pas s'empêcher d'entrer dans son royaume; plus qu'un spectateur on devient explorateur à la recherche de nouvelles choses à voir dans le domaine que chaque œuvre dépeint.
Jamais n'a été plus pertinente la conviction que la véritable matière de l'art n'est pas tant dans le corps de l’œuvre qu'à l'intérieur de chacun de nous.
Ici plus qu'ailleurs il faut laisser le regard se détacher du corps pour occuper l'espace tout autour.
L’artiste manipule avec une sobre sagesse, une force figurative aux limites de la monochromie :
une vision particulière de l’orientalisme avec tout ce que ce regard contemporain place d’écart entre rêve et réalité dans une proposition qui génère tout en le conservant le sentiment de voyage.
De cette exposition « Errances éphémères » se dégage une douce poésie, vagabonde et insaisissable.
Comme beaucoup de grands artistes l'ont souligné, il faut créer avec le cœur plus qu'avec la tête.
Une œuvre d'art qui n'a pas commencé dans l'émotion n'est pas de l'art.
Quand le rythme dévorant du monde moderne frappe et écrase l'âme, L'art de Lamiel
nous rappelle que nous en avons une.
Jeremy Lester