
Fleurs de feux Anaïs Tondeur
En collaboration avec le philosophe Michael Marder
Cette correspondance a pris forme avec neuf communautés de plantes qui évoluent dans les sols marqués par l’incinération et l’enfouissement de déchets illégaux, sur la Terre des Feux, dans la région de Naples. Dans un processus philosophique et photographique, l’artiste Anaïs Tondeur et le philosophe Michael Marder cherchent à nourrir de nouvelles formes de soins et d’attention inter-espèces.
Entremêlant photographie et écologie, botanique et philosophie, ce projet est développé en compagnonnage avec les plantes qui poussent dans les sols extrêmes de l’Anthropocène.
Guidés par les habitants de Terra dei Fuochi, dans la région de Naples, ce projet prend forme dans une correspondance entre l’artiste Anaïs Tondeur, le philosophe Michael Marder et des communautés de plantes qui guérissaient les habitants avant l’éruption du Vésuve, au début de notre ére et qui participent aujourd’hui à soigner les sols de Campanie, marqués par l’incinération et l’enfouissement de déchets illégaux et toxiques.
Dans un protocole photographique expérimental et écologique, cette rencontre par l’image a eu lieu sans autre intervention qu’une mise en contact des éléments en présence via un processus de phytographie. Suite à l’activation des molécules de phénol présentes dans ses fibres, la plante est invitée à déposer son empreinte sur la surface photosensible (un papier ou un textile collecté dans la décharge puis sensibilisé à la lumière).
Sans extraire la plante de son milieu, ce geste photographique collecte un excès de phénol, exacerbé par la présence de métaux lourds dans les sols de Campanie.
Ensuite, renouant avec le rituel de la poétesse et herboriste Emily Dickinson, qui glissait dans ses correspondances une plante séchée, Anaïs Tondeur envoie successivement ces écritures autres-qu’humaines au philosophe de la pensée végétale Michael Marder, qui répond par une lettre adressée à chaque plante. À réception, elle retourne auprès de la plante pour lui lire les mots du philosophe tandis qu’elle collecte simultanément une nouvelle empreinte phytographique de la plante.
De feuilles à feuilles, ces attentions par le mot et l’image, sont élaborés dans le sens de l’étymologie médiévale du terme correspondance soit « s’harmoniser avec, se mettre en relation avec ». Ils cherchent ainsi à développer une manière de se relier aux existences singulières des plantes de la Terre des Feux tout en apprenant de leurs existences à la marge, nourrissant de nouvelles formes de soins inter-espèces.