Exposition Hans Seiler, Gouaches et peintures
Exposition
Gratuit
Gouache
Huile

Hans Seiler: gouaches et peintures

Dates : Samedi 4 septembre 1999 - Dimanche 3 octobre 1999

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Vernissage : Vernissage sam 4 Sep 1999, 18:00

Vernissage
sam 4 Sep 1999, 18:00

Adresse : Galerie Numaga, Grand-Rue 24-34, 2012 Auvernier

Galerie Numaga
Grand-Rue 24-34
2012 Auvernier
Suisse

Comment s'y rendre ?

Itinéraires, voiture, bus, marche, vélo ...

Description, horaires...

Hans Seiler se voulait davantage engagé dans une peinture contemporaine que dans une modernité débridée. En fait, il ne voulait pas détourner son art de ce qu'il a toujours signifié à travers le temps et de ce qu'il pouvait représenter encore, une sorte de continuité non point répétitive mais vivante dans ses intentions, La nouveauté à tout prix n'était point son obsession. Il regardait l'art comme une aventure personnelle qui n'avait pas à se fourvoyer dans les chemins sans issue de la nouveauté irréfléchie. Il la savait engagée dans l'authenticité créatrice. Soucieux uniquement de sa propre recherche, il la poussa jusqu'au bout avec une énergie patiente et discrète.

Autrement dit, il lui paraissait inutile de perpétuer les choses selon les méthodes du passé, sans, bien entendu, les refuser toutes. L'intelligence et une vive sensibilité ont toujours gouverné l'entreprise picturale de Seiler. Sa secrète ambition jamais ne se servit de la surenchère pour aller se perdre dans des orientations qui n'auraient point correspondu à ce qu'il était au fond de lui-même. Il était accordé à sa personne, ou mieux: à son absolu.
Avec les peintres de sa génération, il cherchait à redonner une dignité à la peinture, particulièrement avec Bissière, professeur à l'Académie Ranson à Paris. Il fut pour lui un exemple, sinon à suivre aveuglément, du moins important, un Maître plus précisément, à qui il fut fidèle sans réserve. Parmi ses amis, Gromaire rencontré à la même époque tient une place très importante. Il eut des liens d'amitié avec Borès, Reichel, Vieira da Silva, Szenes, Le Moal, Bertholle, Bazaine qui unanimement lui portaient une grande estime.

Malheureusement, les critiques d'art officiels ne se sont guère donné la peine de reconnaître cette dignité, trop pressés qu'ils étaient de suivre la gloire de Picasso.

Ils n'ont point su séparer le grain de l'ivraie, ni comprendre que le mouvement portait en lui une part d'avenir. Ceux d'aujourd'hui y viendront une fois toutes fanfares tues.

Dans la vie de Hans Seiler existent quelques détails essentiels, bénéfiques; ne serait-ce que d'être né à Berne, comme Paul Klee, d'un père médecin dans la capitale fédérale, de langue allemande, et d'une mère romande, de Neuchâtel plus précisément, dont la langue est le français. Il sut tirer parti de cette dualité, de cette double nationalité culturelle. Dès son jeune âge, Hans en découvrit non pas la contradiction mais les qualités complémentaires. D'un côté, un pays cerné par un obstacle infranchissable, la montagne, de l'autre la sollicitation aventureuse vers les espaces, les plaines et les mers, un peu plus solennellement vers l'illimité, Ainsi, aborda-t-il, dès qu'il fut en France, le Périgord, la Bretagne, la Normandie, les Pays-Bas et vers la fin de sa vie la grandiose Espagne proche du sud-ouest où il vivait durant les étés surtout, avec les siens et Katy sa fille unique.

Nous avons tous un point d'attache et parfois une place imposée qui nous retirent le plaisir de traverser un pays. Le voyage, c'était pour Seiler comme une recherche des éléments de la Genèse, une passion de l'intact et du primitif, passant par une ascèse. Ainsi allait-il devant lui pour y découvrir les beautés naturelles dont il disait qu'elles étaient déjà sur le seuil de sa maison.
Une telle tension de l'esprit créateur demande parfois une expression plus libre et plus détendue. Paul Valéry prétendait qu'après une pensée ardue, un poème lui était donné sans effort comme une récompense gratuite. Il arrivait à Seiler de la même façon des moments de grâce au milieu d'un acharnement à la tâche, comme ses bouquets peints de fleurs vives, imprévus semblables à une détente délicieuse qu'il s'accordait sans pour autant affadir son inspiration. C'est la grâce donnée, la liberté de Mozart aussi gourmande qu'austère. C'est la révélation d'un caractère entre rigueur et tendresse, la malice et la gravité de l'adolescent qu'il fut.
Il y avait chez lui une très grande réserve, d'autres diraient une modestie, mais le terme serait ici inexact, car il avait la conscience de ses dons. Physiquement, Hans avait gardé la fraîcheur de celui qui refuse les tourments autres que ceux de son art.
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Quelles étaient en profondeur ses préférences? En musique Jean Sébastien Bach et Mozart, en peinture Cézanne sans pourtant trop servir le mythe du génie d'Aix, Pierre Bonnard, Corot, dont il prononçait le nom avec le ton d'une admiration à peu près sans réserve. Il lisait le journal de Paul Léautaud non sans en reconnaître parfois la cruauté, faite des jugements d'un maniaque de la sincérité. On l'agaçait lorsqu'on le qualifiait de «peintre de la réalité poétique». Etre un poète en peinture lui paraissait une équivoque douteuse. Sa peinture ne raconte rien, ne represente jamais une anecdote.
 

extrait du texte de Georges Borgeaud.