
IDEM Claude VIALLAT
Les œuvres récentes de Claude Viallat confirment une continuité de fabrication qui, depuis 1966, a construit sa propre tradition en affirmant et affinant, pour ceux qui y ont prêté ou y prêtent attention, des « qualités » caractéristiques de ce que l’on peut appeler une « esthétique ». Elle s’énonce, d’une certaine manière, par la répétition d’une forme, chaque fois unique et chaque fois semblable à toutes les autres, soit sur un support de toile non tendue sur châssis soit sur plusieurs supports de toiles raboutés. (…) Depuis quelques années, substituées à ce type de support, il assemble de vastes surfaces oblongues de tissus raboutés de telle façon qu’un vide découpe, intégré à l’œuvre, un espace sur le mur d’accrochage. À voir ces œuvres, on les imagine ébauchant une sorte de dialogue avec certaines de celles de Frank Stella.
Il est vrai que la planéité n’est pas sa principale préoccupation : il tient aux plis de ses toiles – dans certains musées vigoureusement repassées et à toutes les saillies des coutures, des sutures réparatrices et des attifiaux qui marquent leur surface.
Ce relief stiacciato ramène la peinture dans la proximité de la sculpture et la reconduit au statut d’un objet saillant du mur dans l’espace réel. L’exigence pariétale de Claude Viallat, surtout dans les raboutages, nous incite à ne pas négliger ce rapport au mur et donc à la tapisserie, à son tissage artisanal, magnifiée durant les années de formation de Claude Viallat.
Ces réemplois détournent les fonctionnalités premières. Voire ils les inversent, un peu comme le fait le renversement de la Roue de bicyclette ? Sont-ils des sortes de readymades ? Des dérivations des collages et des assemblages ? Des suites déroutant les décisions des nouveaux réalistes ? Peut-être ? Mais différemment et plus, voire mieux, que dans les readymades, collages et assemblages, tels que ceux-ci en jouent, c’est un feuilleté, un tressage, des nœuds de vécus, d’histoires qui s’entremêlent, s’enchevêtrent que Claude Viallat concocte.