Jacqueline Ranson présente Exposition collective
En cette fin du mois de novembre, Jacqueline Ranson réunit 10 artistes : Betaudier, Biasi, Downey, Fergola, Ferro, Martin, Revel, Skunder, Valdivieso, Waldberg dans l'enceinte du cinéma d'art et d'essai.
Jacqueline Ranson écrit au sujet d'Isabelle Waldberg.
"Le poète américain Archibald Mac Leish écrit, dans je ne sais plus lequel de ses poèmes :
Love is a bird in a fist :
To hold it hides it, to look at it lets it go.
Pour moi, Isabelle Waldberg n'a figuré jamais que la cage et l'oiseau. Ce drame : une cage rigide, indestructible, bâtie d'aplomb dans le coeur d'un monde qui l'approuve, qui reconnaît son axe impératif, ses plans bien étagés, ses structures jointes, puis, dans le dedans : cette manière d'organisme qui fuit, cet orgasme de formes déroutées et déroutantes, une apothéose de lingeries à tous les vents jetées, un triomphe de cordes mouillées et de vêtements lâchés, une gloire d'intérieurs à vau-l'eau, d'hôpitaux qui crachent, et de noces innommables où le poisson-scie s'en va tantôt épouser l'aigle souverain... Je ne connais point d'univers qui soit aussi complexe que celui-là. Je m'explique.
Isabelle Waldberg déteste la nature. Pour elle, la création de l'homme vaut seule. La création de Dieu n'est pas même scandaleuse : elle est banale. Aux lumières du jour, Isabelle Waldberg oppose les lumières du bronze, combien subtiles ! Elle ne nie rien, ce qui serait perdre son temps : elle affirme. Ce qu'elle cerne, au fond, ce n'est n'est ni l'oiseau ni la cage : c'est nous. Voici qui nous concerne jusqu'au tréfonds. Je respire, elle sculpte. Je ne sais qui, d'elle ou de moi, vit !
Regarder ces oeuvres-ci, c'est ouvrir le poing qui tient captif. C'est — qui l'affirme?... — savoir. Peut-être : apprendre... C'en est fini de l'arbre et de la pierre ! Nous sommes assez grands pour inventer la condition humaine".