« KINGS ROAD » Mona Kuhn
Du 6 novembre 2023 au 13 janvier 2024, Galerie XII Paris dédie une exposition à l'artiste germano-brésilienne Mona Kuhn. Après avoir été présentée dans plusieurs institutions muséales aux Etats-Unis puis en Europe, l’exposition « KINGS ROAD » est pour la première fois proposée en galerie. Mona Kuhn invite le visiteur à se plonger au cœur de l’intimité de la Kings Road House, mythique maison d'architecte expérimentale imaginée par Rudolf Schindler en Californie. À travers des photographies, une projection vidéo et une installation sonore, l’artiste repousse les limites de la présentation photographique et architecturale. L’ouverture de l’exposition coïncide avec la tenue de la foire Paris Photo (du 9 au 12 novembre).
Après avoir pris place dans trois étages du Kunsthaus-Göttingen en Allemagne, lors de l’exposition organisée par Gerhard Steidl en avril 2023, « KINGS ROAD » de Mona Kuhn s’installe à la Galerie XII. Depuis plus de 20 ans, Mona Kuhn utilise la photographie et l’art médiatique pour réexaminer le discours figuratif autour de la présence physique et métaphysique dans la figure humaine. À travers son objectif, elle invite les spectateurs à contempler les subtilités de notre existence, dévoilant les profondeurs cachées de notre humanité commune. Pour sa dernière exposition, « KINGS ROAD », Mona Kuhn utilise l’amour et du destin comme ses principaux sujets d’étude. La série prend place au sein de la Kings Road House, construite par l’architecte Rudolph Schindler en 1922 à West Hollywood.
KINGS ROAD, une experience architecturale et sociale
La Kings Road House, par sa fabrication en matériaux industriels tels que le béton nu, le séquoia non traité, les panneaux de toile coulissante d’inspiration japonaise ou le verre, est un modèle d’architecture radicale. Conçue comme un espace de vie et de travail coopératif pour deux jeunes familles, le projet est également social. Dès qu’elle en a franchi le seuil, Mona Kuhn a été attirée par cette demeure spartiate, dépourvue de tout ornement et construite avec des matériaux bruts.
Tourbillon de créativité artistique, culturelle et politique entre les années 1920 et 1950, la Kings Road House est un espace tourné vers le futur. Adoptée par les avant-gardes, on y croise des intellectuels ayant fui l’Europe nazie ou des artistes californiens perturbés par le formalisme ambiant de la société, tels qu’Albert Einstein, Aldous Huxley, Marlene Dietrich, Greta Garbo, Richard Neutra, Imogen Cunningham ou encore Edward Weston. Une diversité de profils qui se trouvent au cœur du projet de son créateur, qui rêvait d’une maison ouverte aux amis de toutes classes et de tous types, un lieu de rencontre démocratique, où millionnaires et ouvriers, professeurs et analphabètes, les splendides et les ignobles, se rencontrent constamment. Aujourd’hui, la Kings Road House est considérée comme le berceau du modernisme américain du milieu du siècle.
La mystérieuse femme de KINGS ROAD
En se plongeant dans les archives architecturales de Rudolph Schindler, Mona Kuhn se perd dans ses croquis, notes personnelles et correspondances privées. Une lettre manuscrite écrite à une femme dont l’identité reste inconnue et dans laquelle il renonce à ses aspirations romantiques devient la porte d’entrée de son travail. Une ouverture qui permet à cette mystérieuse femme, incarnant l’amante de Schindler, de pénétrer la maison. Alors que la femme se déplace dans la villa, sa présence se fond partiellement dans les murs et les structures dénudées de la maison. Par l’utilisation de la solarisation, une technique expérimentale de chambre noire photographique, Kuhn va encore au-delà de la représentation, lui donnant une dimension presque métaphysique. Ce procédé éthéré, d’abord employé par les photo-surréalistes au moment de la construction de la maison, oxyde l’argent photographique de manière imprévisible, en dématérialisant partiellement l’image. L’intention de Mona Kuhn de repousser les limites de la photographie, de l’architecture et de la conservation est palpable. En précédant l’architecture d’une épaisseur vivante, tout en dématérialisant la figure humaine, l’artiste se retire de notre réalité physique et conçoit un nouveau récit dans lequel les esprits intangibles traversent le temps et l’espace, pour se rencontrer à nouveau.