Le Corps infiniment Henri Foucault
Texte de présentation d’Alix Agret
Les images de Henri Foucault conjurent la planéité photographique transformant la photographie en médium de la trois dimensionnait. Comme si, avec un brin de facétie, c’était précisément à travers elle que Foucault tenait à démontrer après Rodin qu’il faut toujours « considérer une surface comme l’extrémité d’un volume ». D’autant qu’Henri Foucault a trouvé dans le corps la matière idéale -sans pourtant la modeler au sens propre- pour maintenir les formes dans un suspens vibratoire qui les fait osciller entre aplanissement et relief.
La surface n’est jamais ce qu’elle semble être chez lui. Car il ne cesse de l’altérer, de l’expérimenter, de la retravailler par couches successives d’interventions qui finissent par absenter le sujet de ses photographies. Comme souvent chez Foucault, le corps autopsié se joue des oppositions qui fondent le processus artistique - vide/plein, interne/externe, fond/forme - de la même manière qu’i brouille parfois les frontières entre le positif et le négatif photographique.
Cette dialectique sots-entend le travail de Foucault. Il s ‘amuse à contourner les limites du papier. Le sculpteur en lui sait retirer de la matière et faire usage du vide. Foucault perce, perfore, creuse encore et encore ses photographies. La béance est petite certes mais l’artiste n’a de cesse de porter atteinte à la deux-dimensions. Son obsession est éminemment sculpturale : il s’agit toujours de percevoir la ligne qui confère son existence au visible, de tracer (quitte à la subvertir) la portière entre le dedans et le dehors, entre la surface et l’espace.
Objet sculptural, le corps peut être dédoublé, fragmenté, réduit, au bord de l’effacement, à son contour ou à une éclaboussure de lumière. Il est parfois tout entier dans l’espace qui l’enveloppe. Car ultimement, c’est peut-être à une forme de dissection conceptuelle que Foucault s’emploie. Il n’ouvre sur rien . Il resplendit dans une froide et précieuse luminosité.