Le gros rouge Hervé Ingrand
Hervé Ingrand est peintre. Les sujets qu’il choisit, explique-t-il, sont des prétextes à peindre, c’est-à-dire à composer une forme qui « tienne » dans l’espace du tableau. à l’habiter. Telle est l’idée du « Gros Rouge » : figuratives ou abstraites, monochromes ou multicolores, les formes ou agrégats de formes occupent de manière organique la toile. Les formats, eux aussi, sont divers, certaines frôlent les 4 mètres de hauteur. Ces grands voire très grands tableaux traduisent le mieux l’expérience recherchée : ils offrent aux regardeur·se·s un corps à corps saisissant.
Pas nécessairement rouge, Le Gros Rouge (dit LGR) est la racine d’une arborescence qui connait de multiples séries et sous-séries : « LGR-M » pour maille, « LGR-C » pour coagulé, ou encore « LGR-B » pour baston. Si les noms des branches de sa recherche témoignent d’un humour certain, cette organisation relève d’une démarche finalement conceptuelle, explorant différentes façons d’occuper l’espace de la toile.
L’exposition d’Hervé Ingrand au SHED - site Gresland est la toute première rétrospective de cet artiste hyperactif : elle condense 30 ans de travail mené à l’atelier, loin de ses galeries que la crise de 2009 a fermées. Le pari du « Gros rouge » est donc d’extraire sans abréger la générosité de son travail, d’habiter sans saturer les 400m² de cimaises immaculées construites dans cette ancienne usine au sol rouge-tomettes et aux murs vert amande effrité.