Le retour de la danse à la Fondation Maeght Une chorégraphie de Noé Soulier dans des décors de Riopelle pour Merce Cunningham
L’été 2023 marque le retour de la danse à la Fondation Maeght. En juillet, le chorégraphe Noé Soulier propose une création dansée dans les décors imaginés en 1967 par Riopelle pour Merce Cunningham et produits pour la première fois à l’occasion de l’actuelle exposition Jean Paul Riopelle - Parfums d’ateliers. Les 20 et 21 juillet, l’ensemble cour-paysage-peintures devient le décor inédit de la pièce Passages, présentée dans la Cour Giacometti et le Labyrinthe Miró.
Passages est un projet nomade qui traverse des lieux multiples. Les séquences de mouvements sont écrites en amont, mais la chorégraphie est construite dans et pour le lieu. Elle entre ici en dialogue avec l’architecture de Josep Lluís Sert et une scénographie réalisée à partir de croquis de Jean Paul Riopelle. La structure spatiale des lieux, les points de vue qu’ils offrent et leurs caractéristiques physiques, des graviers du Labyrinthe de Joan Miró aux tomettes de la Cour Giacometti, déterminent la forme de la chorégraphie. La scénographie de Riopelle vise elle aussi à être traversée par les interprètes. En retour, la chorégraphie renouvelle l’expérience physique des espaces en ouvrant de nouveaux points de vue.
« L’idée est de créer une performance qui entre en dialogue à la fois avec cette scénographie et les espaces de la Fondation Maeght. [...] Les phrases de mouvements sont déjà écrites mais la chorégraphie est conçue en fonction de l’espace, c'est la spécificité de ce projet ! »
— Noé Soulier
La Fondation Maeght et les « Nuits de la Fondation »
La Fondation Maeght a été inaugurée par André Malraux en 1964. Elle est reconnue d'utilité publique et fut la première fondation indépendante en Europe dédiée à l'art moderne et contemporain. Située à Saint-Paul de Vence, sur les hauteurs entre Nice et Cannes, elle est appréciée dans le monde entier pour son histoire, sa collection, sa programmation et l'environnement dans lequel elle s'inscrit. Aimé Maeght (1906-1981) ne faisait aucune hiérarchie entre peinture, sculpture, musique, danse... Il les regroupait en seul dénominatif : « les arts vivants », c’est-à-dire les œuvres des artistes avec lesquels lui et sa famille vivaient.
De 1965 à 1970, puis de 1984 à 1986, les « Nuits de la Fondation Maeght » accueillaient chaque été musique, danse, théâtre et poésie. Le public y découvrait, dans les jardins, parmi les sculptures de Calder, Miró, Chillida, Hepworth, Giacometti, Riopelle... des artistes singuliers passionnés par les expressions les plus contemporaines. Parmi eux des pionniers de la musique minimaliste ou expérimentale comme Iannis Xenakis, Pierre Boulez, Karlheinz Stockhausen, René Koering, Olivier Messiaen, Sun Râ, Cecil Taylor, La Monte Young, Miroslav Rostropovitch, Margaret Price, mais aussi de la danse, particulièrement avec la compagnie de Merce Cunningham. C’est dans la Cour Giacometti que se produisirent pour la première fois en France Merce Cunningham, Albert Ayler ou encore Terry Riley. Duke Ellington, en visite à la Fondation Maeght en 1966, y improvisa son célèbre Blues for Miró.
C’est également en 1966 que la Merce Cunningham Dance Company évolua sur des musiques de John Cage dans des décors de Jasper Johns, Robert Morris et Frank Stella, permettant ainsi de lier au plus près danse, musique et arts plastiques. Un théâtre gonflable réalisé par Hans Walter Müller fut même commandé par Aimé Maeght, permettant d’accueillir près de mille personnes.
À propos de Noé Soulier
Le travail de Noé Soulier explore la chorégraphie et la danse à travers des dispositifs multiples incluant la scène, l’espace du musée et la réflexion théorique. Il développe ainsi une pratique à la fois conceptuelle et profondément ancrée dans le mouvement. Né à Paris en 1987, Noé Soulier a étudié la danse au CNSMD de Paris, à l’École Nationale de Ballet du Canada ainsi qu’à P.A.R.T.S. Il a également obtenu un master en philosophie à l’Université de la Sorbonne (Paris IV) et participé au programme de résidence du Palais de Tokyo, Le Pavillon. En 2010, il est lauréat du premier prix du concours Danse Élargie, organisé par le Théâtre de la Ville et le Musée de la Danse. De 2015 à 2019, il est artiste en résidence au Centre National de la Danse à Pantin. Ses créations ont été présentées, entre autres, par le Théâtre National de Chaillot, le Théâtre de la Ville, le Festival d’Automne à Paris, le Centre Pompidou, le Palais de Tokyo, la Biennale de la Danse de Lyon, le Festival Montpellier Danse, le MUCEM, Sadler’s Wells Londres, Performa – New York, MOMA PS1 – New- York, le Wallis Theater – Los Angeles, la Biennale de Venise, Roma Europa Festival, le Kunsten Festival des Arts–Bruxelles, le Kaaitheater Brussels, Tanz im August – Berlin, Tanzquartier Vienna et le Teatro Municipal do Porto.