« L'impuissance » Thomas Lévy-Lasne
Thomas Lévy-Lasne présente sa deuxième exposition à la galerie Les filles du calvaire, à la suite de celle présentée en 2020, intitulée L’asphyxie. Il revient cette fois avec L’impuissance dans le nouvel espace de la galerie, rue Chapon. Dans la continuité de la thématique qu’il privilégie et qu’il nomme la fin du banal, il présentera un ensemble de peintures et de dessins, sur notre monde contemporain.
« Après L’asphyxie, il y a quatre ans, je propose ma deuxième exposition personnelle à la galerie Les Filles du Calvaire dans leur nouvel espace : L’impuissance, à la recherche d’une esthétique adaptée au temps de la dérive climatique, désanthropocentré et sensible à la perte tragique de ce qui est encore là.
Dans le cadre de la fin du banal, il s’agira d’une exposition aux thématiques éclatées, en lambeau, avec un titre faisant office de parfum. Celui-ci renvoie, encore aujourd’hui, de manière symptomatique, à une problématique sexuelle alors qu’il sera ici question d’impuissance politique et existentielle ainsi que de peinture, par des expériences limitées. Mais aussi d’une impuissance désirée : moins de puissance dans la dévastation, dans l’accaparement, dans l’emprise, plus de soin, plus de douceur, plus d’attention humble et de dignité au trésor quotidien qu’est le monde des apparences.
On retrouvera ainsi des policiers allemands virilistes embourbés dans la gadoue, un coucher de soleil sur la mer que contemple une poubelle plastique, la plage d’Ostende ultra urbanisée rendue caduque par une montée des eaux, un mur frontal de briques couvertes de tags amoureux comme autant de traces publiques d’une existence étroite.
« Dans la serre », une peinture qui m’a pris deux ans à élaborer, représente une foule faisant la queue dans un jardin artificiel. En pleine contre-productivité humaine et disharmonie du biotope, le traitement pictural du fourmillement des plantes est aussi précis que celui des humains.
La multitude des sujets et la variété des vitesses d’exécution permettent également un déploiement de texture : peau, poil, gluant, visqueux, poisseux, ; il ne s’agit pas d’abandonner la joie de peindre. En témoigne un bestiaire comme un cul de vache, une coccinelle, un coq, un autoportrait ou un chat assoupi.
L’exposition sera de plus ponctuée de petits formats à échelle de plantes saxicoles, cette verdure sans nom, trésor de vitalité, qui pousse vaillamment dans les interstices minéraux de nos villes et les rafraîchit. Encore prenant la forme d’une technique inventée : des gravures tirées à partir de dessin numérique sur iPad, permettant une finesse de trait inédite.
On retrouvera, par ailleurs, ma série des « Distanciels » : des portraits au fusain exécutés par zoom pendant la pandémie, des visages rétro-éclairés par leur écran d’ordinateur dans l’ambiance et la qualité de connexion de leur confinement.
Au sous-sol, une vidéo conceptuelle anxiogène « Vous êtes ici » contaminera l’ensemble de l’accrochage. Une réflexion frontale sur notre mode de vie présent, la part de violence et de poison qu’elle nécessite.
Enfin dans l’attitude qui est la mienne depuis trois ans, chaque samedi de l’exposition à 17h, j’animerai en public un épisode des « Apparences », une chaîne YouTube et Twitch autour de la vitalité de la peinture contemporaine sur la scène française. »
Thomas Lévy-Lasne