A l'ombre de la nuit Exposition collective
Au commencement était le Chaos, au commencement était la Nuit. Et ce sont bien des Ténèbres qu’a surgi la Lumière.
Pour les Hommes, la nuit est synonyme d’ombre, d’obscurité profonde, sinistre. Être plonger dans le noir peut provoquer de la peur, de l’angoisse. A la nuit tombée, le monde qui nous entoure se transforme en s’effaçant ; il nous est moins familier. L’Homme se sent aveugle, vulnérable car il ne voit rien dans le noir de l’obscurité. Son regard se perd dans un vide effrayant, dans cette absence de distinction des choses. La nuit est la caverne de Platon dans laquelle les Hommes sont enfermés dans l’ignorance ; les croyances, l’imagination prenant le dessus sur la raison.
La nuit est épouvante.
Car la nuit appartient au monde des Morts – ne parle-ton pas de nuit éternelle – tandis que le jour est le monde des Vivants. Elle nourrit ainsi et, de tout temps, toutes sortes de légendes habitées de loup garou, de zombies surgissant d’obscures forêts.
La nuit est hostile.
La nuit est mystérieuse.
A la nuit tombée, nous passons du visible à l’invisible.
Pourtant, la nuit nous est nécessaire. Elle s’inscrit, dans cet espace-temps qu’est le jour, comme le moment du repos, de la méditation loin de l’agitation du Jour. Elle est synonyme de calme, de silence, de sommeil. C’est le temps du songe…
Tout un monde onirique habite alors notre psyché où s’agitent nos fantasmes, nos désirs, de cette part cachée de l’être ; notre part d’ombre se dévoile. La nuit est donc est ce temps de liberté, parfois transgressive ; la vie nocturne s’assimilant à la fête, déjouant les interdits ; on s’y perd, on s’y égare. Comme cet « étranger » dans La nuit juste après la forêt de Koltès qui nous raconte, le temps d’une courte soirée, sa souffrance, sa solitude, son errance urbaine, son addiction à l’alcool, son désir, son amour.
La nuit est érotique.
La nuit est noire.
Le noir est l’interprétation par notre cerveau de l’absence de lumière. Tel le zéro en mathématiques, il est l’absence de couleurs. Pour exister, le noir a besoin de la couleur.
C’est bien en mettant de la lumière, en l’éclairant que les artistes vont nous montrer la nuit. Jeu d’ombres et lumière. Dans l’interprétation de la nuit, la lumière prend alors toute une dimension divine ; et vice versa, elle offre toute la beauté de la nuit à notre regard.
Car que dire de la splendeur magique d’un ciel étoilé, d’un paysage éclairé par un clair de lune.
Nombreux sont les artistes qui aiment la Nuit, qui la subliment à travers la littérature, la peinture, la photographie, comme les Romantiques du XIXème.
Chacun des artistes invités : Thomas Ivernel, Filip Mirazovic, Sylvette Gassan, Arnaud Martin, Cebos Nalcakan nous éclairent la nuit à leur manière.