Mémoires Vives Olga Caldas & OKA Mikelle Standbridge Fabiola Ubani
« Mémoires Vives »
Olga Caldas — OKA (France) - Mikelle Standbridge (Italie / USA) - Fabiola Ubani (Grande Canarie / Espagne)
Cette exposition Intitulée Mémoires Vives a pour objet la mémoire dans sa relation étroite à la photographie, moyen privilégié permettant de convoquer, de ranimer, de sauver nos souvenirs de l ’oubli. Les quatre artistes présentés ici - Olga Caldas et OKA, Mikelle Standbridge, Fabiola Ubani - en questionnent divers aspects à travers des propositions personnelles très différentes et cependant complémentaires. Hommage et commémoration pour Olga Caldas et OKA ; madeleine de Proust pour Mikelle Standbridge, métaphore de l’oubli pour Fabiola Ubani. La mémoire étant pour chacun d’eux l’objet d’une réinterprétation, d’une recréation de l’événement passé, par une réactivation de la photo souvenir brute grâce au jeu corporel, aux procédés alternatifs ou à la scénographie.
La série photographique « Corps mémoires » d’Olga Caldas et OKA aborde la mémoire collective, historique. Les auteurs entendent rendre hommage aux victimes des crimes nazis d’une façon inédite, renouvelée, en inscrivant leurs noms sur des corps de femmes et d’hommes conceptualisés comme des stèles vivantes. La scénographie imaginée pour l’exposition composée de photographies grand format suspendues, d’interviews vidéo des personnes photographiées et d’une installation mémorielle, se veut immersive pour une implication forte de chacun.
La proposition de Mikelle Standbridge porte, elle, sur la mémoire individuelle. Intitulée Shoebox Stories (Eclipse of Family Histories and Surrogate Memory Tropes), elle est inspirée des boîtes à chaussures dans lesquelles on range habituellement des photographies de famille. Le visiteur est invité à manipuler ces créations hybrides mêlant des détails, des objets photographiques, des textes, des textures, aptes à réactiver des souvenirs, convoquer des images, des émotions oubliées à l’instar de la « madeleine » de Proust.
Avec « Fading Memories », Fabiola Ubani évoque, à son tour, une mémoire intime, autobiographique. Elle met en images la lente lutte contre l’oubli et l’effacement de la mémoire due à la maladie. L’artiste a construit une narration à partir de photographies- souvenirs de son enfance la mettant en scène avec sa mère, aujourd’hui atteinte de la maladie d’Alzheimer. L’utilisation de procédés photographiques anciens, comme l’anthotype, révèle une image qui tend à disparaître au contact de la lumière, ou bien la gravure qui imprime une image comme on grave des souvenirs. De belles métaphores de la mémoire !
Ainsi, la mémoire plurielle est au centre de ces propositions comme elle est au centre de nos vies. Sans elle il y a perte des repères, déclin, néant. D’où l’importance de garder une mémoire vivante capable de s’ancrer dans le présent, de se projeter dans le passé et dans l’avenir et ainsi de nous permettre d’habiter pleinement le monde. En filigrane, il est question infailliblement de la fragilité de cette mémoire et son corolaire l’oubli. Les quatre artistes proposent, chacun à sa manière, des moyens originaux de la stimuler, de la nourrir, d’en prendre soin. Leurs œuvres donnent une forme visible à la mémoire et offrent au visiteur une nouvelle façon de faire émerger des souvenirs enfouis. Les artistes ont de tout temps interrogé la faculté de la mémoire à sauver nos souvenirs, à rendre plus net des images devenues floues au fil du temps.
La mémoire revisitée par l’art n’est pas culte du passé, mais bien re-création, création. Les propositions de ces quatre artistes en sont l’exemple. La mémoire est une notion très riche, d’autres aspects auraient pu être abordés : mémoire artificielle, mémoire écrite, visuelle, lieux de mémoire... L’angle choisi par ces artistes s’attache à la mémoire affective, qu’elle soit collective, individuelle ou intime, elle concerne tout un chacun.
Le titre métaphorique « Mémoires Vives » se prête parfaitement à ces différentes interprétations de la mémoire : elle est mémoire vivante, agissante ; mémoire douloureuse comme une plaie ouverte, à vif ; mémoire affective et de remémoration, de commémoration ; mémoire créative.
Une mémoire qui fonde notre identité, notre humanité et qui nous relie.