Multicolor Robert Malaval
Multicolor est une exposition mythique de Robert Malaval, organisée à la Galerie Daniel Gervis entre septembre et octobre 1973.
Malaval écrit à au sujet de l'exposition : "// Ces tableaux et gouaches réalisés en 1973 sont dédiés à tous mes amis sans lesquels ils seraient différents." avant de finir par un conseil :
"// et maintenant un conseil
// décomposez vos gestes avant de vous décomposer."
Rassemblant 31 pièces, l'exposition est présentée par André S. Labarthe :
Il n'y a pas si longtemps, on a découvert que derrière les motivations psychologiques qui, vers 1961, contraignent Malaval au terrible corps à corps avec la matière en expansion (le trop plein de l'Aliment Blanc est à rapprocher du trop manger que tous les psychanalistes nous ont appris à interpréter comme signe d'angoisse), s'ébauche une aventure d'une tout autre portée — entendez pour l'avenir de l'art contemporain.
Un jour, donc, cette matière blanchâtre déborda la toile, envahit les objets familiers, bref descend dans la rue, et voici qu'à la vieille notion de nature, impuissante à rendre compte de l'événement, se substitue, pour Malaval, le concept d'environnement.
Très vite, Malaval tire les conséquences de sa découverte. Avec ses dessins, d'abord (tels projets pour la "remise à jour du Parc de Saint-Cloud", par exemple), puis avec ses recherches dans le domaine de l'environnement sonore (Cf. notamment l'exposition intitulée "Transat Marine Campagne", CNAC 1971).
De toute évidence, Malaval ne demandait pas qu'à passer à l'application de ses intuitions — puisque aussi bien elles ne font qu'en rejoindre d'autres, nées ailleurs, selon d'autres voies, chez d'autres chercheurs (Morris, Don Judd, Sol Lewitt). Mais Malaval attend encore.
Et en attendant, en écho aux tableaux mauves, blancs et roses des années 67-69, il nous convie à un bien joli spectacle : le retour en France de la couleur, de la lumière, de la toile tendue sur châssis. Pour tout dire : le chevalet.
Au plus fort de sa poussée, en dépit même du flamboiement des grandes pièces "cultivables", l'Aliment Blanc obéissait à la loi physique de la pesanteur. Les dernières toiles, elles, sont volatiles. Sous nos climats, elles grimpent comme des cerfs volants, s'installent dans les courants d'air chaud, et planent.
Tout de même, on ne m'ôtera pas de l'idée que ce sont là de drôles de peintures (ou de gouaches). Oh ! aériennes. Oui ! Et agréables ! Et parfois amusantes ! Mais regardez-y d'un peu près : c'est une gaîté désespérée, une joie noire, qui éclate ici, dans le mauve, le jaune et le vert tendre.
Sans parler du blanc.
texte par André S. Labarthe.
Avec les oeuvres : Le Grand Cirque, Sous la Pergola, Poussière d'étoiles, Tutti Frutti, Gasoline, Petit Matin, Nénuphar, Télé-couleur, Rock on, Easy Rider, Fraise et Pistache, Rien qu'un instant, Juke Box, Air Conditionné, Bleu Méditerranée, Little Queenie 2, Cap sur Orion, Ramona, 2000 Light years from home, Un Cyclone à la Jamaïque, Sur l'Autoroute, Beaucoup d'électricité, Le Parfum de Dolly, Bérets et Casquettes, Toujours Instable, Mistinguett, 14 Juillet, Lili, La Fête de la Bière, Perles de Cristal, Les Soucoupes volantes existent-elles oui ou non ?