Sans Titre, 2020
Peinture acrylique sur papier
61 x 46 cm
Pièce unique
Overseas Chloé Quenum
La production des oeuvres présentées a bénéficié du soutien de la Fondation des Artistes.
Chloé Quenum travaille à partir d’éléments graphiques, linguistiques ou mobiliers provenant de
cultures variées, qu’elle extrait de leur contexte et schématise. Ces éléments deviennent des
signes, des formes décoratives à l’origine non-identifiable. Elle interroge l’effet que le
déplacement de contexte induit sur leur compréhension et par conséquent leur capacité à
générer de nouvelles histoires.
Des rébus figurant dans des calebasses du Royaume du Dahomey deviennent des formes
organiques et vivantes, l’écriture hébraïque se transforme en collection d’idéogrammes, des
motifs issus de tissus en wax se métamorphosent en symboles abstraits, des tatouages passent de
la peau au dessin sur papier, des cadres se font anthropomorphiques, provoquant des rencontres
inattendues entre les temporalités, les lieux, les disciplines et les cultures. L’essentialisation de ces
éléments – tous support d’une histoire originelle, qu’elle soit individuelle ou collective – les
distancie de leur signification initiale, uniquement compréhensible par ceux qui en connaissent les
codes. En opérant ce transfert, Chloé Quenum les invite à écrire de nouveaux récits mais toujours
sur le mode d’un langage crypté. Ainsi elle engage l’imaginaire à se projeter sur ces formes
nouvelles, encore chargées de la mémoire de leur signification originelle.
Cette notion de déplacement se retrouve dans ses installations qui invitent à la déambulation et à
la flânerie : déplacement d’une vidéo à l’autre, promenade au milieu d’une nature morte,
multiplication des points de vue. Le parcours est ponctué d’éléments qui façonnent l’espace, le
divise (paravent), entravent la circulation (fruits recouverts d’argile ou de cuivre jonchant le sol) ou
invitent à la pause (tapis disposés au sol ou sur des estrades). Ces cheminements deviennent des
paysages à explorer.