Parcours des Mondes : Le Bénin mis à l'honneur à la Galerie Vallois
Pour sa participation à la prochaine édition du Parcours des Mondes, la Galerie Vallois présentera du 5 au 30 septembre et dans ses deux espaces - au 35 et au 41 rue de Seine - quatre artistes contemporains béninois ou liés au Bénin : Achille Adonon, Youss Atacora, Franck Zanfanhouédé et King Houndekpinkou.
35 rue de Seine :
Achille Adonon
Artiste plasticien béninois, Achille Adonon utilise dans ses sculptures divers matériaux tels que le bois, la toile et des objets recyclés.
Ses sculptures, toujours abstraites, tantôt verticales, tantôt comme compressées, intriguent et interpellent au premier regard. Une observation plus attentive de leurs volumes et de leurs formes laisse entrevoir des lacets, des œillets ou encore des languettes : les sculptures de l'artiste sont en réalité composées de chaussures. C'est lors de ses pérégrinations dans les rues de Cotonou ou d’Abomey-Calavi, qu'Achille Adonon observe que les enfants des rues errent pieds nus alors que les trottoirs sont jonchés de chaussures abandonnées. Elles sont devenues alors pour lui une métaphore du sort de ces enfants. En collectant ces chaussures, en les peignant, les agençant il leur offre une nouvelle visibilité, une seconde vie, à l’instar de celles dont il aimerait voir bénéficier les enfants des rues. L’originalité de son travail plastique, le message humaniste qu'Achille Adonon transmet, son engagement pour des problématiques sociétales liées à la souffrance humaine, notamment celle de la jeune génération, lui valurent le prix de la sculpture à la dernière édition de la Biennale de Dakar
Youss Atacora
Peintre autodidacte béninois, et panafricain dans son engagement, Youss Atacora est sans doute l'un des artistes émergents béninois les plus en vue sur la scène artistique.
Le visage orné de scarifications qui marquent son appartenance à une des trois lignées princières de Djougou, Youss Atacora est attiré par l'art dès son plus jeune âge alors que sa famille le destine davantage à une carrière de soudeur. C’est seul qu’il apprend à peindre, s’inspirant des œuvres qu’il voit dans les ateliers d’artistes béninois déjà établis ou dans des livres. L'araignée, motif récurrent intervenu très tôt dans ses toiles, devient sa particularité : métaphore des liens qui se tissent entre le présent et le passé, mais aussi entre les Hommes. L’histoire et le temps sont une source d’inspiration pour l’artiste, qu’il s’agisse des héros historiques du continent africain et de la défense des droits du peuple Noir, des sujets liés l’histoire béninoise ou des éléments plus intimes, touchant à son histoire personnelle.
41 rue de Seine :
King Houndekpinkou
Céramiste franco-béninois, King Houndekpinkou est fasciné par la culture traditionnelle japonaise, où il s’est d’ailleurs formé à l’art de la céramique, mais également par l'univers des mangas et des jeux vidéo dont l’univers pop et très coloré l’inspire.
Sa façon de répandre les émaux rappelle autant les libations versées sur les autels vaudous que le dripping de Jackson Pollock. Il emprunte également au Street Art la bombe aérosol, qui lui permet d’obtenir des effets de texture surprenants, contrastant avec l’éclat de l’émail et les dorures, qu’il applique fréquemment. Porté par la spiritualité animiste, commune à son pays d’origine, le Bénin, et à son pays de cœur, le Japon, King Houndekpinkou a une approche très profonde de la céramique. Cet art ancestral est pour lui un langage universel qui permet de rapprocher les cultures et les peuples. Pour symboliser cette conviction, il mélange les terres de provenances diverses (Bénin, Japon, Europe, États-Unis…).
Frank Zanfanhouédé
Artiste plasticien mais aussi tatoueur, Frank Zanfanhouédé, se passionne dès son enfance pour le dessin.
Son activité de tatoueur imprègne son œuvre plastique puisque les représentations du corps et le "body art" sont au cœur de sa pratique. Dans ses dessins, il manie le stylo bille avec une précision chirurgicale, réalisant des traits extrêmement fins, comme des aiguilles, d'une grande vivacité. Il affectionne également les couleurs vives, qui participent à l'énergie de ses créations. Ses sculptures en bois sont, quant à elles, souvent transpercées de clous - comme les fétiches africains - ou portent des agrafes de métal semblables à des scarifications. Au-delà de l’esthétique emprunté au monde rituel, ces stigmates symbolisent les violences exercées à l'encontre des femmes : discriminations, sexisme, emprises physiques ou psychologiques, en même tant qu’elles constituent une armure pour s’en protéger. Il emprunte les sujets de ses œuvres autant à la tradition béninoise (le Gèlèdè, les signes du Fa), qu’à des thématiques universelles plus larges, comme le Bien et le Mal, tendant parfois vers l’abstraction dans sa peinture.