Premier choix deuxième choix troisième choix Claude Closky
Posé ainsi, l’intitulé de la nouvelle exposition de Claude Closky dans la galerie Laurent Godin fait songer au grand déballage d’une vente d’usine, pressée d’écouler les invendus et les pièces avec défauts. Même si l’on sait qu’un.e artiste peut produire des oeuvres de qualités variées au cours de sa carrière, c’est un sujet qu’on évite d’aborder, ou alors du bout des lèvres.
Alors ce titre relèverait-il de la provocation, du sabotage, d’un excès de modestie ou bien encore d’une authentique liquidation du stock ? Comme souvent chez Claude Closky, la réponse est plutôt à chercher du côté du double sens, faufilé ici dans le langage de la transaction et l’objet à échanger.
Commençons par la scénographie de l’exposition. Elle se décrit aisément : trois grandes tables, aux formes découpées et couvertes de dessins, occupent trois espaces de la galerie. Des sonneries retentissent lorsque les visiteurs franchissent les seuils d’une salle à l’autre. Malgré ce dispositif théâtralisé, nul doute qu’il s’agit bien d’une exposition de dessin. Les dessins aussi se racontent sans difficulté : ils sont plus d’une centaine, tous uniques, invariablement noirs, imprimés sur des feuilles de format A3 de différentes couleurs. Ils sont répartis sur les tables en fonction de leur type, déterminé par le nombre de formes qui les composent et précisé par une mention écrite sous le dessin : les dessins « troisième choix » contiennent trois formes, « deuxième choix » deux formes et « premier choix » une seule. De plus, les prix des dessins sont indexés sur leur catégorie, les dessins « troisième choix » sont proposés à 300 euros, « deuxième choix » à 200 euros, « premier choix » à 100 euros. Le premier choix est donc le plus modeste et le plus économique, ce qui va à l’encontre de la logique du langage qui accorde habituellement au premier choix les qualités de rareté et de cherté.
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Laetitia Chauvin