« Red Runs Through » Frances Goodman
La galerie Les filles du calvaire présente dans son espace historique, au 17 rue des Filles du Calvaire, la première exposition personnelle en France de l’artiste sud-africaine Frances Goodman. Intitulée Red Runs Through, l’exposition prend comme fil conducteur la couleur rouge. Omniprésente, elle convoque les thèmes fondamentaux chers au travail de l'artiste : féminité, vitalité et puissance.
Née en 1975 et vivant à Johannesburg, Frances Goodman est aujourd’hui une artiste majeure de son pays. Pour cette première exposition à la galerie, elle réunit des œuvres issues de diverses séries : portraits brodés en sequins, installation monumentale en crochet, sculptures élaborées à partir de faux ongles serpentant sur les murs, totems de pilules et de cachets en céramique. La pièce monumentale intitulée Comforter est le point d'orgue de l'exposition. Le visiteur s’immerge dans un univers visuel et tactile où le rouge et le matériau enveloppant façonne une expérience singulière ; l’œuvre invite à la compassion et l’empathie. Comforter incarne une déclaration puissante au sein de l'exposition à travers le prisme vibrant du rouge.
Frances Goodman intègre le sequin dans son répertoire artistique, un matériau souvent associé à l'industrie de la mode pour la confection de tenues de soirée. Elle le détourne en créant des portraits chatoyants et scintillants, exploitant l'effet festif pour insuffler une dimension merveilleuse à ses compositions. Des sculptures à base de faux ongles colorés entrelacés évoquent des serpents sinueux, tandis que d’autres prennent la forme de rubans ou de drapeaux. Sur ces créations, s’inscrivent des injonctions qui s'apparentent à l'affichage numérique, des messages vides et éphémères, répètent inlassablement : "GIVE AND TAKE", "BE BETTER", et "NO REGRET". Les sculptures en céramique, baptisées « piliers » par l'artiste, sont construites à partir de pilules et de comprimés aux formes et aux couleurs vives, soigneusement architecturées pour ériger des tours ou des totems. Elles s’imposent comme des hymnes grinçants à l'abondance de vitamines, compléments alimentaires, antidépresseurs, et analgésiques imposés par l'industrie pharmaceutique comme leurres de « vie meilleure ». Portée par une esthétique splendide, Goodman détourne l’utilisation de matériaux associés à la mode ou au maquillage et les exploite de manière non conventionnelle. L’artiste choisit d’explorer les représentations préconçues de la féminité, elle s’inspire des notions contemporaines de beauté pour créer de nouvelles formes et constitue une critique sans concession.