«Refaire le monde» Zeynep Perinçek
Mon travail se nourrit essentiellement du faire. J’aime inventer des outils et imaginer de nouveaux dispositifs. La plupart du temps cela convoque le hasard et me permet de rebondir, d’entrevoir des nouvelles pistes de recherche, de préciser mes intentions. J’aime être surprise par ce qui se fait malgré moi.
Le paysage, les formes végétales, minérales ou animales sont souvent mes points de départ. Mon intention n’est pourtant jamais la représentation d’un lieu ou d’un sujet précis, je ne travaille pas d’après motif. La montagne, le nuage, les brindilles, l’arbre, la maison sont des images récurrentes dans mon travail, elles fabriquent au fil de ma pratique un vocabulaire.
Ces images isolées, abstraites de leur contexte, sans décor ni environnement, posent la question de l’échelle. Sans repère dans l’espace, ce qui distingue la feuille de l’arbre ou la montagne du caillou s’efface. Un va et vient s’opère dans le regard entre le proche et le lointain, entre l’infiniment petit et l’infiniment grand.
La plupart du temps je travaille en série. Cela me permet d’explorer les possibilités d’un geste, d’un outil, d’un médium ou d’un sujet. Comme dans une famille, chaque œuvre d’une même série est à la fois singulière et semblable aux autres, autonome et dépendante du tout. Elle contient en elle l’idée de l’ensemble, comme la feuille peut contenir l’idée de l’arbre.
J’aime cette idée que la peinture se fabrique dans le temps, par accumulation.