Robert Malaval: 15 Dessins pour la remise à jour du Parc de Saint-Cloud Robert Malaval
Les dessins de Malaval traitent de la transformation du Parc de Saint-Cloud. Ce sont des descriptions qui pourraient tout aussi bien être faites par des voies littéraires : Malaval ne s'intéresse à la sculpture et à la peinture que dans la mesure où elles permettent de transcrire des idées.
Les projets qu'ils présente sont réalisables: chaque détail est minutieusement étudié, les difficultés techniques théoriquement résolues grâce aux matériaux modernes qui libèrent l'homme de la notion de pesanteur.
Moraliste, Malaval envisage l'art comme une thérapeutique à l'échelle d'une société. Son architecture tend à réorganiser l'espace et les rapports humains: les loisirs populaires sont canalisés, les parcours d'autoroute déviés vers des haltes édifiantes. Malaval renoue ainsi avec les traditions utopistes du XVIIIe siècle, les Louis-Etienne Boullée, les Claude-Nicolas Ledoux qui rêvaient d'une régénération de l'Homme et des Moeurs grâce à l'architecture.
Malaval, pour sa part, rêve de faire vivre les hommes dans un paradis qui serait une sorte de Luna-Park géant. Il rêve d'une humanité à nouveau pure et romantique et qui retrouverait le goût de la nature, des branches couvertes de rosée, des promenades dans les sous-bois à la découverte de monuments dignes de Raymond Roussel… Mais pour épargner à l'homme le contact de la mousse pourrissante et les suintements de la Terre-Mère accoucheuse de mort, la visite se ferait par circuit Telex, sans qu'il y ait à quitter le volant de la voiture ou le fauteuil rivé devant l'écran. Le paradoxe n'est qu'apparent: les 819 lignes de l'image télévisées sont hygiéniques et immatérielles, comme les lignes d'une image dessinée.
OTTO HAHN
Avril 1966