SOLILOQUY Maike Freess
L'exposition *Soliloquy*, qui s'ouvre en octobre à la **Luisa Catucci Gallery** à Berlin-Mitte, explore en profondeur l'interaction entre le corps et l'esprit. **Maike Freess** est une artiste allemande de renommée internationale dont la recherche artistique, bien qu'elle utilise diverses techniques et formes d'expression, tourne constamment autour du domaine psychologique multifacette de l'individu, déclenché par des processus personnels, sociaux et politiques.
Dans son processus artistique, les sujets se transforment et changent de forme, révélant des murmures cachés de désir et brouillant les frontières entre le tangible et le fantastique. Le *soliloque*, traditionnellement un dispositif théâtral pour révéler les pensées les plus intimes d'un personnage, devient ici une métaphore de l'exploration par **Maike Freess** du dialogue entre le psyché et le corps. L'exposition présente ce monologue interne, où les domaines corporel et cognitif engagent une conversation intime, avec les imperfections du corps mises en avant face à la portée transcendante du psyché.
L'enquête de **Freess** sur les domaines corporels et psychologiques, avec leurs imperfections inhérentes, leurs limites et leur instabilité, la conduit à explorer la connexion indissoluble entre l'entité corporelle humaine et son expansion cognitive transcendante – l'esprit. Les imperfections inévitables du corps cèdent la place à la psyché dans ses dimensions multiples – spirituelle, humorale et intellectuelle. **Freess** dissèque les formes corporelles, se concentrant sur la genèse d'une nouvelle réalité rappelant un mémorial artificiel – résultat du lien inextricable entre la forme corporelle remodelée et les complexités du psyché humain.
Pour exprimer son univers intérieur, **Maike Freess** utilise diverses techniques telles que la vidéo, la photographie, l'installation et la sculpture, mais son domaine principal reste le dessin.
Sa technique virtuose ne se contente pas de manifester une profondeur imaginative riche – parfois dure –, elle exerce également une force magnétique inhérente, propulsant presque avec insistance l'observateur dans son domaine artistique. Dans ses dessins, elle excelle à créer un accent volumétrique en interrompant stratégiquement la densité de ses lignes blanches fines sur du papier noir, juxtaposées à des délinéations incisives blanches et à une application judicieuse de la couleur, conférant au papier des possibilités infinies. Elle élève ainsi le substrat artistique de la simple matérialité à un médium augmentant la résonance émotionnelle – un domaine où sa réalité déconstruite atteint une vivacité tangible.
Bien que sa main conserve un contrôle méthodique et lucide sur le crayon, les dernières années ont vu une abstraction perceptible dans son œuvre, auparavant figurative et précise. Cette trajectoire flirte avec le surréalisme, où son travail semble découler d'une vision poétique. Ce qui soutient cette esthétique, c'est une profonde sous-couche psychologique, semblable à une incision dans le subconscient, où mémoire et conscience se fondent dans une synthèse des dimensions subjectives et universelles.
L’adoption du déconstructionnisme par **Freess** émerge en réponse aux événements tumultueux des dernières années, marqués par une pandémie mondiale et des conflits en Europe et au Moyen-Orient. Dans la perception de l'artiste, cette série d'événements catastrophiques, associée à une gestion souvent perçue comme illogique, malhonnête et chaotique, a effectivement déconstruit le cadre sociétal tel que nous le connaissions. L'impact profond de ces événements a résonné de manière significative dans le psyché individuel. La réalité qui en résulte se présente maintenant comme une reconstruction abstraite des éléments qui la composaient autrefois, reflétant l'essence du dernier travail de **Freess**. Ici, l'abstraction du corps ne laisse derrière elle que des traces de ses éléments figuratifs, culminant en une nouvelle réalité surréaliste. Cette expression artistique sert de commentaire poignant sur la nature transformative du monde contemporain et les répercussions psychologiques vécues par les individus face à de telles perturbations profondes.
Un autre élément intéressant qui a émergé dans le travail récent de **Freess** est l'incorporation de coupures. Ses dessins sont traversés par des coupures, semblables à des lames tranchantes, ou sont coupés et réassemblés. Les incisions dans son corpus artistique incarnent métaphoriquement l'esprit fragmenté, encapsulant des lacunes conscientes ou subconscientes dans la mémoire et le psyché. Au-delà du domaine de la rationalité, ces incisions génèrent des sensations de malaise, de déni et de mécompréhension. Dans la configuration spatiale de l'exposition, ces incisions traversent les limites délimitées des œuvres et des corps individuels, s'étendant sur les murs et les sols. Cette chorégraphie spatiale accentue leur impact inattendu et désorientant sur l'environnement immédiat et le public. De plus, chaque individu devient sujet à des processus sociaux et politiques plus larges, contribuant à la morphologie et aux déformations du corps, désormais perçu par l'artiste comme un site d'inscriptions historiques.
Lors de la visite d'une exposition de **Maike Freess**, on discerne immédiatement le rôle central que les sculptures jouent dans sa production artistique, servant de point focal autour duquel l'ensemble de l'exposition gravite. Son habileté à créer des ensembles va au-delà de la simple définition des volumes spatiaux; ces sculptures coupent directement l'espace environnant, injectant une qualité dynamique dans son travail.
Dans ses sculptures, **Freess** puise habilement dans un bruit de fond d'états émotionnels et mentaux, offrant une perspective distinctive sur la condition humaine en tant que tragi-comédie d'une société réglementée. Utilisant de la soie élégante taillée en camisoles de force et dépeignant un corps déconstruit se repliant sur lui-même, ces sculptures vont au-delà de l'attrait esthétique. Elles deviennent des vecteurs puissants qui capturent des changements, dévoilent des masques sociaux et posent des questions incisives sur les conventions établies, tout en offrant un commentaire profond et perspicace.
Le travail sensible de cette artiste allemande engage une profonde réflexion sur les dilemmes existentiels, interrogeant les constituants de l'humanité et les aspects expérientiels de l'être humain. Ses réflexions englobent l'influence de la cognition, de l'histoire personnelle, de l'environnement et du contexte politique sur les réponses émotionnelles et les actions. Les formes disséquées de **Maike Freess** donnent naissance à une réalité qui se lit comme un mémorial artificiel, une lettre d'amour entre le corporel et l'éthéré, une valse d'Uroboros des dimensions spirituelles, psychologiques, humorales et intellectuelles.