On Stage Suzy Lake
Cet automne, mfc-michèle didier aura le plaisir de présenter à la galerie une exposition monographique de l’artiste américano-canadienne Suzy Lake.
Réunissant des œuvres historiques des années 70 et 80, mais aussi des travaux plus récents, cette exposition atteste de l’attention croissante portée par la critique et les institutions au travail de l’artiste, telles que le MoMA, le Metropolitan, la Sammlung Verbund ou le CNAP qui, récemment, a fait l’acquisition d’une pièce importante intitulée Imitation of Myself #2.
Engagée socialement et politiquement, l’œuvre de Suzy Lake interroge une identité qui doute, en la confrontant aux stéréotypes de la consubstantialité fémin/ine/iste, mais aussi à ses rapports au monde. Rassemblant un ensemble de chefs-d‘œuvre pour la plupart jamais présentés en Europe, cette exposition mettra en perspective une œuvre radicale et sensible réalisée sur près de cinquante ans.
Née Suzanne Marx en 1947 à Détroit aux États Unis, Suzy Lake émigre dès 1968 au Canada. C’est dans un climat politique qui fait suite aux émeutes violentes à caractère racial de 1967 de Détroit — également connues sous le nom d’émeute de la 12e rue (12th Street riot) — à l’assassinat de Martin Luther King en 1968 et dans un contexte très particulier de la guerre du Vietnam qui conduit de nombreux citoyens américains à fuir les États Unis pour échapper à la mobilisation générale, que Suzy Lake quitte son pays natal. Dès 1970, elle prend part à la scène artistique de Montréal notamment en tant que co-fondatrice de l’Artist Run Space Véhicule Art Inc auprès d’artistes invités tels que Sol Lewitt, Alison Knowles, Les Levine, General Idea, Marina Abramovic, Vito Acconci ou Bill Viola. Elle produit alors ses premières œuvres dont l’influence et la radicalité seront déterminantes pour nombre d’artistes comme Cindy Sherman.
Suzy Lake développe initialement un travail orienté vers la performance, mais aussi celui d’activiste politique et de féministe militante. Son œuvre questionne la représentation et la perception de soi en tant qu’être libre et responsable, aux travers de séquences photogra- phiques et de films. Le médium photographique y est effectivement utilisé pour sa capacité documentaire, mais aussi critique, confronté à l’imagerie populaire, publicitaire et commer- ciale alors en plein essor dans la société nord-américaine.
"Transformer le monde", a dit Marx. "Changer la vie", a dit Rimbaud. Ces deux mots d’ordre semblent n’en faire qu’un pour Suzy Lake.
Ses œuvres font partie des collections du MoMA (NY), Metropolitan Museum of Art (NY), Albright Knox Gallery (Buffalo), National Gallery of Canada (Ottawa), Sammlung Verbund (Vienna), Cnap (Paris).
L’exposition bénéficie du soutien du Centre Culturel Canadien à Paris.