Timing Michiko Van de Velde
Michele Schoonjans Gallery
Rivoli Building
690 / 25 Chaussée de Waterloo
1180 Bruxelles
Belgique
“Comment parle-t-on de la lumière (au japon)?”
“Quelle lumière? Celle de quand?”
(extrait du Livre, Lumières 光 , auto-édition, 2017)
Lumière?
Espace?
Temps?
De quoi parlons-nous lorsque nous regardons le travail de Michiko Van de Velde ?
Et dans quelle langue devons-nous parler ?
En 2017, l’artiste a créé Lumières, un recueil de poésie dans lequel elle a rassemblé des dizaines de mots japonais qui nomment les différentes nuances de la lumière, tels que :
採光[saikō] Faire rentrer la lumière du dehors dans votre maison,
薄日[usubi] Lumière faible, sourde comme un ciel de Bruxelles, un voile gris.
九十春光 [kujunō shunkō] Lumière paisible du printemps, qui dure 90 jours, de mars à juin.
月白[tsuki shiro] Quand la lune se lève, le ciel à l'Est paraît plus clair et plus blanc.
木漏れ日[komorebi] Le soleil filtre à travers les arbres : jeu de la lumière dans les feuillages.
À la fin de cette petite phénoménologie de la lumière, elle a ajouté un autre mot japonais suivant 間 [ma]. Ma est à la fois espace et temps. Il signifie essentiellement un intervalle, une distance ou une période de temps. En d'autres termes, une relation. Fille d'une mère japonaise et d'un père belge, Michiko incarne pour ainsi dire間 [ma]. Elle vit "entre" deux cultures, entre deux espaces et deux temps.
Sans vouloir faire de psychologie, il semble que Michiko veuille saisir en images cette conscience de la pluralité du temps et de l'espace, et surtout du caractère impalpable du temps.
C’est dans ce changement permanent de la lumière que la fugacité du temps et de l’espace deviennent pour elle à la fois visibles et tangibles.
Dans un certain nombre d'œuvres, Michiko Van de Velde s'intéresse à la simultanéité de la lumière de Tokyo et de Bruxelles. En général, cela varie beaucoup, néanmoins deux fois par an, le lever du soleil à Bruxelles et le coucher du soleil à Tokyo coïncident étonnamment.
Ses autres travaux gravitent souvent autour de la "capture de la lumière" et du moment où une observation disparaît en un clin d'œil.
Michiko Van de Velde utilise une variété de techniques.
Elle dessine ce qu’elle voit; des point lumineux qu’elle marque au crayon sur le papier ou grave directement sur les plaques.
In situ, elle dessine, peint ou "disperse" des paillettes de mica naturelles et réfléchissantes pour "capter" la lumière solaire incidente.
Depuis des trains en mouvement, elle peint des vues photographiées en considérant le jeu des reflets de la lumière et les effets miroirs des fenêtres dans les fenêtres.
Par le biais de la vidéo, elle a capturé la lumière colorée et vacillante des panneaux publicitaires qui irradie des voiles de brouillard dans la rue. Mais elle s'est aussi " documentée ", notamment lorsqu'elle a essayé de dessiner à main levée des taches de lumière rondes qui tombaient à travers le feuillage d'un arbre (木漏れ日[komorebi]). En raison de la rotation de la terre, on remarque dans la vidéo, la vitesse à laquelle ces points lumineux se déplacent rapidement sur la feuille blanche. Il est presque impossible de dessiner la tâche dans son entièreté car entre le début et la fin de son dessin, l’ombre s'est déjà déplacée.
Cette lumière " fugace " et la volatilité des choses se retrouvent dans le mot 木漏れ日[komorebi] où le kanji 漏[mo] inclu la référence à une fuite et à un vol.
Nous devrions peut-être considérer le travail de Michiko Van de Velde comme une réédition de ‘Kunst der Fuge’. Car, comme dans les fugues de J.S. Bach, elle transforme la volatilité et le caractère insaisissable du temps en art de vivre
Koen Van Synghel, Brussel,