Trigger, 2022
Huile sur toile | oil on canvas
244 × 183 × 3 cm — 96 × 72 × 1,5 in.
© Courtesy Templon, Paris —Brussels — New York
TRIGGER WILL COTTON
Vingt ans après sa toute première exposition à Paris, le peintre new yorkais Will Cotton, célèbre pour ses toiles de bonbons et de pâtisseries, réinvestit les cimaises de la galerie Templon avec une exposition subtile et décalée : « Trigger » (Détonateur).
Will Cotton poursuit sa réflexion sur la pop-culture et les mythes américains. Sa série de 2020 « le Cowboy apprivoisé », autour de l’hypersexualisation de l’enfance et les représentations de genre, mettait déjà en scène des cowboys ultra virils aux prises avec des licornes roses. Cette fois, Will Cotton introduit la « cowgirl », figure féministe archétypale, aussi pulpeuse que provocante. Avec humour, elle prend le contrepied des personnages féminins habituels de l’artiste, brouillant toujours un peu plus la frontière des genres, le rapport entre les sexes, mais aussi la notion de queer et les luttes LGBT.
Le titre de l’exposition s’inspire de la notion, devenue un véritable concept politique outre-atlantique, de « trigger » (gachette, détonateur, déclencheur). Il se réfère aux espaces de sécurité mis en place par la gauche libérale sur les campus américains depuis quelques années. Les « Trigger Warnings » ont pour pour objectif de « prévenir » les situations potentiellement porteuses de troubles de stress post-traumatique. Mais, dans une Amérique déchirée par la polémique sur le port des armes, comment ne peut-il pas être dissocié de la « détente » de l’arme à feu, défendue bec-et-ongles par la droite conservatrice, s’interroge l’artiste.
Will Cotton invente ainsi un monde à l’image de nos sociétés schizophrènes. Ses paysages grandioses, cascades de friandises ou de barbapapa, accueillent des scènes ambigues, ludiques mais potentiellement perturbantes voire explosives. Commentaire sur l’opulence d’une Amérique idéalisée, la peinture de Cotton, est aussi un moyen de questionner la puissance de la peinture elle-même. La fluidité entre grande peinture, mythes intemporels, imagerie publicitaire ou icônes pop agit comme métaphore des contradictions de notre époque.
Né en 1965, Will Cotton a étudié à la New York Academy of Art et aux Beaux-Arts de Rouen. Il a longtemps exposé à la Mary Boone Gallery (New York) et la galerie Jablonka (Cologne). Ses œuvres ont été exposées dans le monde entier, notamment au San Francisco Museum of Art (2000) ; au Seattle Art Museum (2002) ; à la Kunsthalle de Bielefeld en Allemagne (2004) ; au CAPC de Bordeaux (2005) ; au Chelsea Art Museum de New York (2006) ; à la Triennale Bovisa de Milan (2007) ; au Musée Marmottan de Giverny (2008), au Cornell University Museum (2014) ou au Orlando Museum de Floride (2017). Il est aussi connu pour ses expérimentations artistiques dans une grande variété de domaines, de la pâtisserie (avec Ladurée), à la musique (projet avec la chanteuse Katie Perry, 2010) ou la mode (projet What to Wear in Candyland, Hudson Yard, New York, 2019).