Robert Ryman, chantre du minimalisme, disparaît à 88 ans.
Né à Nashville, Robert Ryman n'a rien à voir avec l'âme du rock'n roll. C'est plutôt du côté de l'Art minimal et du Jazz qu'il officie. Retour, en forme d'hommage, sur une carrière entièrement dédiée à l'Art contemporain.
Après le décès de Robert Morris, fondateur du courant minimal avec Carl André et Donal Judd, c'est au tour de Robert Ryman de s'éteindre. Âgé de 88 ans, il laisse derrière lui, une carrière fulgurante où le blanc n'est jamais bien éloigné de la couleur. Né le 30 mai 1930 dans la ville d'Elvis Presley, alias le King, Robert Ryman était arrivé à l'Art non pas par le rock'n roll mais par le Jazz. Rêvant de devenir saxophoniste, il avait quitté la ville de Nashville pour New York en 1953 avec la ferme intention de devenir saxophoniste. Le sort en décida autrement.
Gardien de musée, l'antichambre au métier de peintre made in USA
La vie à New York se révèle peu aisée pour le jeune saxophoniste. Pour subsister, en ce début des années 50, Robert Ryman devient gardien de musée au MoMa. Dans les salles du musée, il fait la rencontre de Sol Lewitt, de Dan Flavin et de Robert Mangold, tous trois salariés du musée. Fasciné, il se rend chez un marchand de couleurs et s'improvise peintre dans son appartement. En 1993, 40 ans après ses débuts comme gardien, c'est au tour du MoMa d'honorer son travail pour une première rétrospective d'envergure.
La première confrontation de l'art de Robert Ryman avec le public a lieu en 1967 à la galerie Bianchini, bientôt suivie en 1972 par une exposition d'envergure au Guggenheim de New York. Dans l'effervescence new-yorkaise des années 60, Robert Ryman se présente comme un représentant de l'Art Minimal et de l'Art conceptuel. Livrant un ensemble d'articles et de textes qui deviennent vite des références, il livre une peinture où la couleur est oblitérée par le blanc laissant ainsi une large place aux nuances de couleurs et aux superpositions de matières sur des toiles de lin, du métal, des plastiques, du vinyl ou, plus classiquement, du papier.
Cette question sous-tend toute l'oeuvre de Robert Ryman depuis le début de son activité de peintre au milieu des années 50. Condidéré comme un des plus grands peintres de son époque, son travail joue de l'émotion sans cesse renouvelée qu'il sait fait naître chez le regardeur. Limiter son travail au simple carré et à la couleur blanche, organisé pour démontrer dans une logique programmatique la multiplicité des possibilités, serait une erreur. Dans tous ses tableaux, même les plus analytiques, au-delà de la prédominance du blanc, transparaît la couleur ainsi qu'une rythmique de composition qui n'est pas sans rappeler son activité initiale de musicien. "Je travaille en réalité selon mes émotions. Je veux dire par là que je fais les choses selon mon intuition, parce que j'ai le sentiment que c'est juste ainsi, bien plus que je n'essaie de justifier les choses par avance. Pour m'expliquer plus clairement, je dirais que j'ai réellement besoin d'être surpris moi-même par ce que je fais. Lorsque je suis étonné par mon propre travail, je sais alors qu'il y a quelque chose d'intéressant". Malgré le succès outre atlantique du peintre, rares furent les expositions en France. A la fin des années 60, seule la galerie Yvon Lambert semble être en mesure de s'intéresser à son oeuvre. Il faudra même attendre 1981 pour que le public, à travers la rétrospective du Centre Pompidou, puisse prendre conscience de l'importance de son travail à travers la présentation d'une soixantaine de toiles, elles aussi pleines d'émotion.